(13 mai 2014)
(Le collectif Abolition 2012 est composé de 59 associations de lutte contre toutes les formes de violences sexuelles et sexistes.)
Emotion et mobilisation à deux vitesses
200 nigérianes à vendre par Boko Haram…
Des milliers vendues sur nos trottoirs au profit des clients prostitueurs français!
La France et la communauté internationale sont aujourd’hui mobilisées pour porter secours aux 223 adolescentes enlevées et séquestrées au Nigeria par le groupe Boko Haram. Nous nous en félicitions ! Mais nous tenons à rappeler que sur notre propre territoire, et dans une quasi-indifférence, des milliers de jeunes femmes nigérianes sont tenues en servitude sexuelle par des réseaux internationaux les ayant achetées et revendues pour alimenter le marché prostitutionnel français.
François Hollande doit faire preuve de cohérence au sommet africain de samedi
Alors que la France a proposé l’organisation d’un sommet des dirigeants africains à Paris portant sur la sécurité au Nigeria, il serait bon et cohérent que le Président de la République commence par y annoncer que la France prendra désormais toutes ses responsabilités pour lutter contre l’esclavage sexuel des jeunes femmes nigérianes en condamnant tout achat d’un acte sexuel. Le marché prostitutionnel français, alimenté au profit des clients prostitueurs français, porte en effet une immense responsabilité dans l’enlèvement, l’achat et la revente, chaque année, de milliers de jeunes nigérianes par les réseaux de trafiquants internationaux.
Des milliers de jeunes femmes nigérianes exploitées violemment sur les trottoirs français
Chaque semaine, les associations de soutien aux personnes prostituées rencontrent de jeunes femmes nigérianes, parfois mineures, toujours profondément isolées, vulnérables et réduites à la prostitution par des réseaux parfaitement organisés. Ces réseaux les achètent au Nigéria, les conditionnent au prix de violences massives et d’emprise psychologique vaudoue, puis les transfèrent en France et les exploitent sur les trottoirs de nos villes.
Une exploitation qui rapporte 15 millions d’euros en France selon la DCPJ
Le phénomène est tellement massif que la Direction Centrale de la Police Judiciaire a publié en juin 2011 une note spécifique à ce sujet. La police française y précise que les jeunes femmes nigérianes sont victimes de violences physiques et de privation de nourriture tandis que leurs familles sont menacées au pays. Elle rappelle aussi que le seul proxénétisme nigérian en France rapporte 15 millions d’euros à ses auteurs.
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- Boko Haram, "une secte qui s'appuie sur un business florissant" - Barthélémy Gaillard - 07 mai 2014
"Les jeunes filles sont vendues 10 à 15 dollars". "Le Nigéria est le second pourvoyeur de prostitution en Europe derrière les pays de l’Est", rappelle Mathieu Guidère qui ajoute : "C’est une économie complète, vous avez dans ces régions des marchés de ces jeunes filles qui sont ensuite transférées en Europe et aux Etats-Unis. Ces lycéennes pourraient finir dans ces filières. Il faut bien comprendre que ça n’a rien à voir avec de l’esclavage au sens médiéval du terme, ici nous parlons de réseaux de prostitution très bien organisés, même mieux qu’en Europe de l’Est. En général, les jeunes filles sont vendues 10 à 15 dollars, puis doivent se prostituer pour espérer racheter leur liberté".
- Nigeria : les lycéennes sont des "appâts pour recruter de nouveaux djihadistes" - Thomas Sotto et Claire Rainfroy - 13 mai 2014