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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 23:23

 

 

Du 29 juillet au 28 août 2013, France Culture diffuse les conférences de Michel Onfray données en 2012-2013 dans le cadre de l’UP de Caen :

Contre-histoire de la philosophie - 11e année,

L'autre pensée 68 :

Henri Lefebvre, Herbert Marcuse, Guy Debord et Raoul Vaneigem. 


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 20/ QUESTIONS/REPONSES  (4/4) - 23.08.2013

 

  • Vous pouvez podcaster les conférences sur le site de l’émission, les archiver, prêter à vos amis.  "Pour des raisons de droits de diffusion et d'utilisation des enregistrements de ces conférences, chaque numéro de cette onzième saison sera podcastable et réécoutable pendant 15 jours" - nous informe France Culture. 
  • Chers internautes, n’oublions pas que les conférences à l’Up de Caen sont constamment présentées comme GRATUITES ! Ne les achetons donc  pas ! Ne remplissons pas les poches de Frémeaux & Associés ! Ne soyons pas des CON-SOMMATEURS !  

 

conf 2012 questions-reponses-6

1) [00:35] « Le spectacle se définit comme la nouvelle religion du capitalisme. »

Est-ce que vous ne pensez pas qu’au XXI e siècle l’économie est devenue une religion avec ses dogmes, ses obligations, ses rites? Une religion qui en plus est autosuffisante et se passe parfaitement de l’homme.

 

2) [20:47] Je voudrais savoir si Guy Debord n’avait pas pensé un peu aux Scop (Sociétés coopératives et participatives) (sic) ?

 

3) [37:55) Il y a une banque qui fait une pub assez importante en disant : venez chez moi, c’est très différent, nous sommes une société coopérative. Je n’ai pas l’impression que quand on confie notre argent à cette banque, ce soit très différent lorsque nous le confions à une banque commerciale. Les agriculteurs ont également monté beaucoup de coopératives, certaines très importantes, et quand on discute avec eux, ils reconnaissent tous qu’il y a peu de différences entre le fait de confier sa production à cette société coopérative ou à une société commerciale. C’est pour ça, la vision que vous avez de la coopérative me paraît un peu utopiste. La coopérative fonctionne bien lorsqu’on a à faire à une petite coopérative, lorsqu’on arrive à une certaine dimension, on a pratiquement la même logique que la société commerciale.

 

4) [45:40] La question de l’auditeur est inaudible.

ONFRAY : Pardon? Quel futur? Ce qui va advenir là? Vous voulez que je fasse Madame Soleil, c’est ça? 

 

 


 

 

La conférence de Michel Onfray à Rivesaltes s’est transformée en Apocalypse sous la plume caustique de Christian Di Scipio. Nous espérons que les auditeurs, les upistes et les fans de Michel Onfray ont assez d’humour et d’autodérision pour rire avec nous de ce détournement debord-ant * et irrésistible de Boris Vian. 

 

*Mot piqué à un commentateur au régime 

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Il fallut louer un hélico pour permettre à Onfray d’approcher la salle des Dômes de Rivesaltes dont le parking avait été pris d’assaut deux heures avant le début de la conférence. Arriver en voiture avait été jugé hors de question par Revel de la Raho le promoteur du spectacle. « On va tout de même pas rester deux heures dans les rues embouteillées du patelin », avait-il expliqué à la Cantonade.

apocalypse jésus- Sûr patron, avait approuvé ladite Cantonade, un ancien footballeur de Manchester qui avait changé de sexe en fin de carrière à mesure que ses cheveux avaient blanchi.

- D’autant que des bouteilles, on n’en a pas avec nous, avait renchérit l’Histrion catalan, qui ne voulait jamais manquer une bonne occasion de se taper un litron avec O’Carole, ex Rockeuse de Diamants qui avait sombré dans toutes sortes de vices au lendemain d’un soir de déprime où elle avait eu l’idée saugrenue de relire tout Marguerite Duras.

A la descente du vieux Sikorsky qui l’avait déposé sur le Dôme, Onfray se plut à regarder les événements qui se déroulaient à ses pieds. Il ne put s’empêcher de sourire à la vue des fans qui attaquaient le solide grillage entourant le vaste parking pour éviter le bouchon qui s’était créé au portail d’entrée.

apocalypse zombieLa librairie Isatis avait ouvert un stand de quincaillerie sur le trottoir en plus de son étal de livres aux portes de la salle. Les cisailles, les disqueuses, les pioches, les pelles, les marteaux piqueurs se vendaient comme des petits pains et servaient aux plus décidés à percer des trous dans la clôture ou à creuser des mini tunnels débouchant de l’autre côté des grilles.

Ceux qui avaient réussi à franchir ces obstacles se pressaient sauvagement à l’entrée de la salle des Dômes. Quand enfin, les plus décidés et les plus résistants avaient réussi à pénétrer dans le hall, ils étaient soumis à la tentation d’acheter les livres d’Onfray au stand de la librairie. Les bouquins se vendaient par cartons de 25 pour aller plus vite et les gens payaient à l’aide de chèques soigneusement pliés en forme d’avions supersoniques que les vendeurs attrapaient au vol.

La foule qui se pressait à l’entrée de l’amphithéâtre subissait la contre poussée de ceux qui étaient déjà dans la place et qui défendaient leur territoire à coups de boulettes de papiers confectionnées à l’aide de vieilles affiches de propagande du Parti Communiste et de photos du couple formé par Sigmund Freud et Erudi Lunesco nus sur un divan, une série de clichés pris à Vienne peu avant l’Anschluss.

 

Cet entassement de corps en transpiration dégageait tant de chaleur qu’une escouade de Varlets Nettoyeurs était équipée de lances à incendies alimentées en eau javellisée par la piscine attenante à la salle des Dômes. Toutes les 45 secondes, ils aspergeaient les rangs serrés des hordes combattantes de l’entrée tandis qu’à l’intérieur des airs de Jean Ferrat susurrés par le bourgmestre tentaient d’apaiser les tensions.

Certains audacieux lassés de piétiner dans le hall choisirent de dévaliser un distributeur automatique situé dans les vestiaires de la piscine qui proposait des maillots de bains, des lunettes de natation et divers accessoires de plongée. Une fois équipés, ils s’immergeaient dans le fond du grand bassin, et remontant la canalisation principale d’eau, ils aboutissaient au grand collecteur situé sous les gradins à gauche de la scène.

Les premières choses que virent les Agents du Rangement des Gens dans l’amphithéâtre, ce fut une flaque d’eau s’étendre petit à petit sous l’œil paniqué de ceux qui occupaient leur place à l’avant-scène. Quand l’eau eut gagné toute la partie basse de la salle, le bruit d’une scie électrique découpant le bas des marches accrut la panique des premiers rangs. Pourtant, personne ne se résolut à quitter son siège de peur de perdre une place si chèrement acquise. Tous restaient sourds aux injonctions des gens debout dans les allées les invitant à aller se protéger dans la galerie du haut. Mais tous furent pris de panique en voyant les premiers sous-mariniers faire irruption dans la salle par les ouvertures découpées dans les contremarches des gradins.

 

Des dizaines de femmes et d’hommes-grenouilles, dégoulinants de flotte, apparurent soudain, tels des zombies émergeant des tréfonds d’un goulag. Leur yeux, qui avaient du mal à y voir à travers la buée de leurs lunettes étanches, tournaient sur eux même à la manière de ceux de Jean-Sol Partre un soir de discours (sur un) bidon aux usines Renault de Billancourt, du temps où il crachait ses mégots sur la moquette du Café Flore en caressant le chignon hérissé de chardons de Simone de la Bavette, sa compagne.

Ces yeux torves de mille Jean-Sol, soudain revenus de l’enfer, c’est-à-dire de chez les Autres du dehors, provoqua une onde de désespoir se traduisant par des cris déchirants du style : « Tout, mais pas ça, pas Jean-Sol ! pas lui, il fallait nous prévenir ! ».

Heureusement, cet incident passa inaperçu pour beaucoup de spectateurs occupés à regarder vers le ciel, saisis de la même extase que Bernadette scrutant l’apparition de la Vierge dans cette la grotte de Lourdes rudimentaire du début où on n’y voyait goutte avant qu’on y ait installé l’électricité. (« Et grâce à qui, hein ? », se plaisait-elle à dire, aux pèlerins qui s’extasiaient de la luminosité du lieu).

Mais pour en revenir aux Dômes, qu’y avait-il donc à voir là-haut, sous le cercle de tôle qui culminait à 20m du sol ? C’était Onfray en personne, qui avait trouvé plus original de faire son entrée dans la salle par une corde de rappel après son atterrissage en hélico sur le toit du bâtiment. En attendant de descendre, il se balançait nonchalamment sur un trapèze en compagnie de Dorothée qui avait revêtu un justaucorps doré qui scintillait de mille feux dans le ciel de l’immense amphi. Avec Onfray, elle déchirait les pages d’une édition originale de l’Etre et le Néant annotée de la main de Dick Rivers que tous deux laissaient choir par paquets dans le vide. Ce déversement de confettis chargés de concepts marxistes atrabilaires suscitait l’enthousiasme d’un parterre chaud bouillant. C’est lorsque le public entama le célèbre tube « Michel we love you yé yé yé » composé par Paul McDonald que l’illustre philosophe se laissa soudain glisser le long du filin de nylon qui l’amena à atterrir au centre de la salle dans un cri d’effroi de la foule qui crut, un millième de seconde, à la Chute accidentelle et pour le coup camusienne en diable de leur mentor.

Ensuite, sous les vivats, Onfray gagna la scène à grandes foulées, la jambe lancée haut devant, dans une attitude semblable à celle affichée par l’Algérien Albert sur la couverture du livre qu’il venait d’écrire. La Cantonade prit alors le micro et annonça le début de la réunion. Dans le brouhaha finissant, Revel eut quelque peine à faire entendre la présentation de la manifestation qu’il avait préparée dans le recueillement de son bureau, un texte dont il avait testé les passages importants sur son teckel danois. Quant à Marie Laforêt, Vendangeuse de l’amour des livres, sa première question se perdit dans un tumulte indescriptible qui trouvait son origine dans l’explosion soudaine de la porte vitrée donnant accès à la salle. La pression d’une foule frustrée de voir la conférence débuter en son absence eut en effet raison de ses gonds.

 

Onfray s’en foutait. « Ça y est, je commence », avait-il lancé à Revel de la Raho, mais ce dernier, gaussé par le succès populaire de la conférence, se prélassait sur un petit nuage qui s’était formé suite à l’évaporation de toute l’eau qui noyait maintenant la partie basse de la salle sur une hauteur de 20cm. « Mais comment il a fait pour arriver là-haut ? » s’interrogeait une femme du monde inconsolable de sa rupture avec un dénommé Johnny, l’homme de sa vie qu’elle avait rencontré dans un concours de sosie de Didier Barbelivien. Bien qu’espérant encore un miracle (celui de trouver un jour un amoureux ressemblant à Johnny Deep en guise de consolation ), elle ne croyait pas à la magie, pas plus qu’aux horoscopes de Philosophie Magazine.

Onfray, en attendant le feu vert de Revel, maintenant en lévitation transcendantale sur son nuage qui avait viré au rose bonbon, regardait un match de football sur l’ordi portable de l’Histrion catalan. Tout à la rencontre opposant les Girondins de Bordeaux aux Montagnards de Paris, il avait revêtu le maillot bleu à chevron blanc des Bordelais en rêvant au bonheur que ce serait de flanquer une pilée aux Parisiens, trois jours seulement après avoir éliminé les Hollandais du PCV Enthoven…

Indifférent aux cris de la foule qui scandait son nom pour le voir entamer son discours, il se passionnait pour les belles actions de Condorcet, Brissot, Roland, Vergniaud ou Gensonné. Il râlait de temps en temps contre l’arbitre, M. Capet, qui sifflait n’importe quoi. « Pas comme nous », lui lança « Oh Carole » en prenant place à ses côtés. Elle avait apporté du saucisson et une bonne bouteille de rouge, un Merlot de Ponty des années 50 acheté aux magasins BHL. Hélas, c’était de la piquette mais comme l’Histrion catalan avait changé de chaîne en douce pour visionner un résumé de la dernière branlée de Perpignan, Onfray reporta toute son attention sur ce qui se passait dans la salle. Maintenant, la plupart des gens avaient trouvé un quart de m² où poser, qui un pied, qui un morceau de fesse ou qui un os du genou.

 

La Cantonade leur conseilla de se déshabiller pour avoir moins chaud et surtout prendre moins de place. Bien vite les vêtements dont se défaisaient la plupart des spectateurs s’entassèrent sur le devant de la scène. Ce dont profita un dénommé Boltanski pour s’arroger la paternité du tas de frusques qu’il présenta comme une « installation » artistique de son invention. Il exigea un droit de regard, c’est-à-dire une participation financière de 20 euros, de tous ceux qui posaient ne serait-ce qu’un œil sur la pyramide de fringues qui s’érigeait peu à peu.

Lassé de ces atermoiements et un peu vexé que personne ne s’intéressât aux Girondins, Onfray congédia « Oh Carole » et levant les mains à la manière du Messie lorsqu’il prononça son fameux Sermon sur la Montagne, il obtint un silence religieux de tous les gens qui interrompirent dans l’instant les diverses activités, certaines d’ordre sexuel, auxquelles ils s’adonnaient pour tuer le temps.

Dès les premiers mots de l’orateur, la salle fut transportée d’aise. L’attention des fans était à peine troublée par les soupirs discrets s’échappant de la poitrine des personnes les plus âgées et les plus fragiles qui achevaient de mourir d’étouffement. Aux derniers râles des uns, répondaient les « chut », certes apitoyés mais fermes, des autres. Même les Varlets Nettoyeurs qui prenaient en charge les corps sans vie jonchant les travées, agissaient dans un silence absolu. Ce n’est qu’une fois au bord de la fosse commune qu’ils avaient creusée dans un coin du parking avec des engins loués en urgence à Quiloutis, qu’ils se laissaient aller à des commentaires à voix haute sur le nombre considérable de personnes en surpoids dans nos sociétés sédentaires.

Partout, aux abords du Dôme, les dizaines de désespérés, inconsolables à l’idée d’avoir manqué de si peu l’événement considérable qui se déroulait à quelques pas de là, se suicidaient en s’abstenant d’utiliser des armes à feu, pourtant bien pratiques, pour ne pas perturber la réunion par des tirs intempestifs. L’armurerie Abattis avait ouvert un stand dans le hall où se négociaient à des prix prohibitifs cordes de chanvre, lames de rasoir, haches de bûcheron et égorgeoirs de marque Laguiole en tout genre. « De toute façon, vous vous en fichez de payer nos produits un prix scandaleux puisque vous allez les utiliser pour en finir », lançaient les vendeurs aux désespérés qu’un reste de radinisme rattachait encore à la vie terrestre.

Ces propos frappés au coin du bon sens faisaient tomber toute velléité, chez ces clients de la dernière heure, de demander une ristourne ou d’alerter les associations de consommateurs.

 

A mesure qu’Onfray parlait et que les spectateurs se pâmaient, le nuage sur lequel rêvassait béatement Revel de la Raho, s’élevait vers le sommet du Dôme. Au sol, la Cantonade achevait les blessés à l’arme blanche en silence selon le rite Hallali bien connu des amateurs de chasse à courre.

Ce n’est qu’au bout d’une heure que les conditions furent enfin réunies pour une pâmoison collective. C’est ainsi que le millier de survivants de cette bousculade dantesque - auprès de laquelle la fuite désordonnée de l’armée d’Attila au soir de la pâtée que leur avaient infligée des Gallo-Romains d’Aetius aux Champs catalauniques, avait des airs de procession de la Fête-Dieu dans un hameau du Gâtinais à la Belle Epoque -, oui ces mille Elus furent transportés dans un autre monde.

Un monde paradisiaque : celui de l’intelligence, du respect des autres, de la connaissance, de l’esprit critique, de la solidarité et de la tolérance.

Le monde et les humains tels qu’Onfray les idéalise et tels que nous les rêvons.

A condition d’avoir du bon sens, un peu de cœur et surtout d’être à jeûn…


Christian Di Scipio   

 

 

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commentaires

G
<br /> Pour illustrer très concrètement les propos très stimulants de MO sur "l'agir communicationnel" ce soir, je vous invite à découvrir la sociocratie, un outil qui permet de délibérer et de décider<br /> collectivement.<br /> <br /> <br /> Pour une vie collective où chacun a sa place et apporte sa contribution, sans chef qui parle et décide pour les autres ! Mais avec quelqu'un qui anime et facilite l'émergence de l'intelligence<br /> collective.<br /> <br /> <br /> http://metamorphose.eklablog.fr/sociocratie-a2150253<br /> <br /> <br /> A expérimenter dans votre association, votre conseil municipal, ou votre famille ! (comment décide-t-on du programme du week end ? par exemple)<br />
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  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc
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