"Michel Onfray a beau inaugurer la 10e saison de son Université populaire, annoncer une biographie de Camus à paraître chez Flammarion en janvier 2012, figurer au programme des émissions télé et radio les plus regardées et de plusieurs maisons d’édition en même temps - Flammarion, Grasset, PUF… - il n’en respecte pas moins ses engagements. L’un d’entre eux consiste à poursuivre une enquête ambitieuse amorcée en 2006 chez Grasset et intitulée Contre-histoire de la philosophie. De siècle en siècle, ce polémiste promène sa lanterne et révèle la pensée de philosophes oubliés et méconnus sur la grande question du bonheur. Il publie ces jours-ci le septième volet de cette série intitulé « La construction du surhomme ».
On y découvre la figure de Jean-Marie Guyau, un "Nietzsche français" selon Onfray, philosophe mort à 33 ans et auteur d’une douzaine d’ouvrages qui sembleraient avoir influencé Nietzsche dans son célèbre – et trop commenté - concept de "surhomme". Michel Onfray, qui se méfie toujours des interprétations et récupérations philosophiques, s’efforce de livrer ses propres découvertes à la source en croisant les oeuvres, correspondances et autobiographies de Nietzsche et en étudiant l’unique texte biographique sur Jean-Marie Guyau, écrit par son propre beau-père.
Il révèle notamment la parenté de l’œuvre de Jean-Marie Guyau avec l’idéologie de Vichy et démantèle un à un les "mésusages de Nietzsche", notamment ceux qui "nazifient" son œuvre. Le livre est paru chez Grasset le 19 octobre 2011."
Lauren Malka
Résumé de l'éditeur:
"Le XIXè siècle a été celui des Masses, des Individus et des Grands Hommes. L’eudémonisme social (tome 5 de cette « Contre-histoire de la philosophie »), et Les radicalités existentielles (son tome 6), retraçaient respectivement l’histoire philosophique des Masses et des Individus. Ce troisième volet consacré intitulé La construction du surhomme, raconte le rôle tenu par le Grand Homme et son aspiration à la Vie Sublime dans ce siècle. Tuberculeux dopé au stoïcisme, Jean-Marie Guyau (1854-1888) développe une philosophie vitaliste comme une machine de guerre contre la morale kantienne. Ce malade défend le don, la générosité, le risque, la dépense, l’action dans une œuvre qui pourrait faire de lui un Nietzsche français. Penseur du républicanisme, il formule un hygiénisme, un racialisme, un natalisme, dangereusement parents de l’idéologie de Vichy à venir. Il défend enfin une immortalité panthéiste et stellaire obtenue par les traces de l’amour quand il a été fort. La figure ontologique du « Surhomme » de Nietzsche (1844-1900) n’est pas sans relation avec cette étrange métaphysique que le philosophe allemand connaissait. Nietzsche commence avec Schopenhauer et Wagner, continue avec un long moment épicurien et termine avec l’éloge d’un « Surhomme » ultra-caricaturé. Or, celui-ci nomme l’individu ayant compris que la volonté de puissance a les pleins pouvoirs, qu’il faut vouloir cette volonté qui nous veut, puis l’aimer pour accéder à une jubilation suprême. Une technique de sagesse à la portée de tous."
Marc
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