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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 09:53

 

 

Samedi dernier, le 19 septembre 2015, sur le plateau de "On n'est pas couché", Michel Onfray a répondu à la question de Léa Salamé et Yann Moix : qu'est-ce qu'un peuple ? (13:00) Professeure de philosophie, Laurence Hansen-Love, analyse les définitions données par le philosophe : 

 

 

Cher Michel Onfray,

Votre réponse, ou plutôt votre suite de réponses, ne fait pas l’affaire.

 

Première réponse: « Le peuple, c’est ceux sur qui s’exerce le pouvoir ».

Un peu vague. Cela peut désigner tous les êtres humains sur qui s’exerce le pouvoir. Donc par exemple les syriens ou les erythréens qui tentent de trouver un asile en Europe. D’autre part, on ne voit pas bien qui est inclus - les sans-grades ? - et qui est exclu : ceux qui ont un quelconque pouvoir? Mais on peut très bien être soumis au pouvoir tout en possédant un pouvoir: par exemple les maires de France, ou bien les syndicats, ou bien n’importe quel prof ou fonctionnaire, soumis au pouvoir politique mais exerçant dans son registre une forme de pouvoir.

 

Deuxième réponse (implicite): le peuple français  mon peuple » dit Michel Onfray ). Dans ce cas, il faut inclure touts les citoyens français, y compris les rentiers, capitalistes, politiciens, chefs d’entreprise etc. Cette définition est incompatible avec la première.

 

Troisième réponse : « Le prolétariat old school ». Explication ? « Ceux (autrefois) qui étaient communistes, qui vendaient l’Humanité etc », ceci afin d’exclure « le peuple de gauche » aujourd’hui, celui qui est représenté par Libé et ses bobos. Un peu farfelu: chacun voit le peuple à sa porte, par exemple, pour les Lepen, le peuple c’est ceux qui votent pour eux.

 

Quatrième réponse: « Ceux qui se lèvent le matin, ceux qui souffrent », exemple: « Les étudiantes qui se prostituent » On ne peut pas définir le peuple en donnant des exemples. Et puis il y a des gens qui ne se lèvent pas le matin et qui souffrent, et des gens qui se lèvent tôt le matin sans souffrir pour autant…

 

Cinquième réponse : le prolétariat tout court. Au sens de Marx? C‘est-à-dire « ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail »? Ou encore: « tous les salariés au revenu modeste »? Mais alors qu’en est-il des chômeurs? et de tous ces petits entrepreneurs, artisans, auto-entrepreneurs, étudiants, pauvres, précaires, etc.. qui souffrent, mais qui ne sont pas des prolétaires. Quant aux chômeurs, aux réfugiés éventuellement nantis, et diplômés , mais aujourd’hui apatrides, ce ne sont pas des prolétaires..

 

Conclusion: ce n’est pas sérieux de la part d’un philosophe d’employer ce mot « peuple » non à la manière d’un philosophe, mais comme le font les politiciens démagogues et populistes. Comme Marine Le Pen ou Sarkozy.

 

___________________________

 

"La Liberté guidant le peuple", Eugène Delacroix, 1830

 

PEUPLE

"Du latin populus, "peuple". 
Sens ordinaire : collectivité humaine et politique régie par des lois ou des coutumes communes.
 
Le peuple constitue une communauté inter-humaine organisé selon certaines lois ou selon certaines traditions. Bien qu'étant constitué d'individus, le peuple ne se réduit pas à la somme de ses membres mais forme une réalité relativement autonome. Ainsi, la vitalité d'un peuple est-elle relative aux institutions qu'il se donne et non pas uniquement à l'état d'esprit de ceux qui y appartiennent.
D'une manière générale, depuis Hobbes, la philosophie moderne a tenté de penser le peuple comme une réalité essentiellement politique. Identifier le peuple à l'Etat, c'est affirmer que l'unité d'un peuple ne dépend pas de son origine raciale, ni même des coutumes qu'il a adoptées au cours de son histoire, mais des lois qu'il se donne librement. C'est Rousseau qui ira le plus loin en distinguant le peuple comme communauté politique fondée sur le contrat social et la populace qui n'est que la multitude humaine sans lois. Il s'agit donc de remonter jusqu'à "l'acte par lequel un peuple est un peuple" (Du contrat social, I, 5), et cet acte de volonté et le pacte social lui-même par lequel les individus forment une communauté. Si, par conséquent, le peuple n'a d'existence que politique, il se définit par la volonté générale dont l'objet est l'intérêt commun. S'il existe ainsi une definition républicaine du peuple, le mode de gouvernement qui instaure ce dernier en origine du pouvoir est la démocratie. Dans ce régime politique, le peuple est la source unique de la légitimité qui s'exprime par la voie du suffrage universel. Une communauté politique possède enfin une identité spirituelle qui lui est propre et que Hegel nomme "esprit du peuple", pour la distinguer de toute forme d'identité naturelle ou raciale."
 
 
Extrait de "La philosophie de A à Z", sous la direction de Laurence Hansen-Love, Editions Hatier, 2011, p. 345
 
 
 
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commentaires

J
Il me semble qu’il y a une confusion entre le « peuple » et une population. Vous parlez madame d’une population, un peuple est nécessairement un construit. M. Foucault exprime très bien cette nuance. <br /> <br /> Cordialement, <br /> <br /> J. V.
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L
"Du latin populus, "peuple". <br /> Sens ordinaire : collectivité humaine et politique régie par des lois ou des coutumes communes."<br /> <br /> Régie par des lois communes certes...mais l'application de la justice,elle, n'est pas la même pour le peuple et l'oligarchie..qui pourtant d'après vous sont issue du même peule! demandez à Balkany, Sarko Fillon et cie ! ;)
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P
..., Denis Diderot a écrit: l'islam est l'ennemi de la Raison. Patrick Lévy.
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G
La philosophie de A à Z", sous la direction de Laurence Hansen-Love, Editions Hatier, 2011, p. 345, vous n'auriez pas la mécanique de a à z aussi en magasin?? merci.
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E
Bonsoir Tietie007<br /> Effectivement, la remarque très juste. Chevènement jacobin et robespierriste (je ne le savais même pas, je viens de le vérifier sur le net) - ça passe. Les mêmes références chez Melénchon - ça ne pardonne pas.<br /> <br /> Moi, j'ai remarqué qu'à un certain moment Onfray a affirmé qu'il n'avait jamais dit du bien de Sade. C'est faux. Dans "L'art de jouir", il était "sadien comme les autres". Depuis la sortie de sa "Passion de la méchanceté : sur un prétendu divin marquis" j'ai voulu publier quelques extraits de "L'art de jouir" (Livre de poche 2009, pp 244-253) sur ce blog, mais j'avais la flemme de le faire, d'autant plus que je ne supporte pas Sade. Onfray a évolué, c'est tout à fait normal, mais pourquoi il prétend qu'il n'a pas changé...<br /> <br /> Quant au "révolutionnaire orwellien" que les médias mainstream privent de parole (je crois rêver !!!) - j'ai lu aujourd'hui cet article assez drôle : http://www.acrimed.org/Pourquoi-j-ai-decide-de-rejoindre-Acrimed-par-Michel-Onfray
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T
J'ai du mal à suivre Onfray ...il se disait anarchiste, libertaire et il avoue qu'il est pro-Chevènement à ONPC !! Faudrait savoir ...Chevènement est un jacobin qui admire Robespierre ...pourquoi agonir d'insultes Mélenchon pour son robespierrisme et soutenir El Che ?<br /> <br /> http://tietie007.blog4ever.com/michel-onfray-et-les-cageots-de-la-gauche
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E
Bonjour chère Fanfanchatblanc !<br /> <br /> Désolée, ce blog est un peu en jachère, votre commentaire m'a échappé.<br /> <br /> "Ces deux prétendus journalistes". Léa Salomé est journaliste, mais Yann Moix est écrivain (d'ailleurs Onfray apprécie son talent littéraire). D'après moi, ils étaient nuls tous les deux, surtout Moix. :~)<br /> <br /> Quant à Onfray, il fut un temps où j'aurais probablement dit la même chose que vous, mais là, je connais toutes ses mimiques et ses paroles bien rodées par cœur, je vois trop toutes les ficelles du savoir-faire onfrayen. Je pense que Salamé et Moix ne l'ont pas du tout empêché de définir le mot peuple, au contraire, ils voulaient à tout prix lui tirer les vers du nez et ont tombé dans leur propre piège. S'ils n'avaient pas insisté si grossièrement et maladroitement, Onfray n'aurait pas donné une meilleure definition du peuple que celle de Michelet du XIX siècle qu'il a fournie, et n'aurait surtout pas pu jouer la victime de la "bien-pensance" (sic), donner l'impression qu'on l'empêchait de parler (sic !!!) et retourner la situation à son avantage. Je dis : bravo l'artiste !<br /> <br /> Cela étant dit, je suis sur la même ligne qu'Onfray en ce qui concerne le pacifisme, l'anticolonialisme - contre les va-t-en-guerre et les interventions criminelles de l'Occident dans les pays musulmans. <br /> http://banquetonfray.over-blog.com/article-michel-collon-guerre-au-mali-et-mediamensonges-111084952.html
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F
Je trouve intéressant et instructif ce billet ... toutefois je suis ignorante en matière de philosophie.. par contre ayant assisté à l'émission j'ai trouvé insupportable la façon dont Yann Moix l'a quasiment insulté et l'a empêché de répondre à la question à propos de la signification du peuple, Moix ayant considéré que le mot peuple ne voulait rien dire. Il y avait de quoi s'emmêler les crayons même pour quelqu'un de doué comme Michel Onfray. <br /> Ces deux prétendus journalistes n'ont eu de cesse de déformer les propos de M. Onfray et je trouve qu'il a été remarquable à côté de ces deux guignols.<br /> Bonne soirée
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  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc
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