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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 23:03

 

 

"S'il est question d'une boisson insipide, comme, par exemple, un verre d'eau, on n'a ni goût ni arrière-goût ; on n'éprouve rien, on ne pense à rien ; on a bu et voilà tout."

Jean Anthelme Brillat-Savarin  

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food art baroque prague lustreLa seule boisson qui puisse accompagner tous nos plats aphrodisiaques, c’est le champagne. Il jouit d’une réputation d’excitant qui tient principalement à son degré d’alcool euphorisant et désinhibant, mais son côté festif, sous pression, ses bulles pétillantes et ses ouvertures bruyantes y sont incontestablement pour beaucoup.

Dans La Raison gourmande, Michel Onfray considère le champagne comme la quintessence de l’art baroque. Ce n’est pas ma période ni mon style préféré, mais j’ai l’impression étrange que l’on ne peut pas bien saisir l’âme du baroque, si on n’a pas vu... les plus belles églises de Prague. Donc, pour s’imprégner de ce style immodérément perlé, il faudrait peut-être boire du champagne sous la coupole du lustre en cristal à l’église Saint-Nicolas de Mala Strana en écoutant "les orgues jouer Mozart". Rien que cela…

 

CHAMPAGNE

   

pied + verre

« Le champagne est une production baroque. […] Avant de toucher l’esprit, l’âme, et d’être une nourriture cérébrale, tout ce qui relève de ce style veut en priorité l’émotion, la sensation, la passion. Le corps est le premier des invités. Comment mieux dire les effets du champagne, plus séducteur que tous les vins réunis? De son emprise première, il faut d’abord se défaire. Le vin de dom Pérignon invite à ce qu’on se déprenne d’abord de ses effets pour pouvoir en goûter les richesses. Dans la bouche, le champagne envahit, requiert toutes les sensations en même temps. Sur la langue, dans le palais, il pétille emplit la bouche sur le mode impressionniste : en libérant des effets qui relèvent de registres différents, divers, multiples. Le parfum se mélange aux gaz, les saveurs de longueur coïncident avec un effet de déperdition des effervescences. Ce que l’un gagne, l’autre le perd : l’entropie que souffre l’un rend possible la richesse de l’autre. Et vice versa. Les bulles, encore les bulles. Ce sont en effet les éclatements gazeux qui autorisent les fragrances. Car la bouche est d’abord conquise plus impérieusement u’avec n’importe quel vin. Et derrière cet effet primeur se cache la vérité du breuvage?. N’y a-t-il pas là récurrence du masque baroque ?»

 

"Bal de tous les saints"


 « Chez tous les baroques, Baltasar Gracian en tête, le goût pour le travestissement est une vertu.  Masquer, cacher, dissimuler dans le dessein de découvrir, plus tard. Il y a là jeu avec le désir dont le propre réside dans la dialectique de la dissimulation et du dévoilement. Le loup du bal masqué a son équivalent dans les bulles du champagne : il est promesse de plaisir ou de bonheur. Après l’effet séducteur, la vérité sapide. Tout le baroque veut cette alternative et soumet l’artifice à ces desseins hédonistes. Le théâtre est le lieu privilégié du masque, bien sûr. La scène est l’endroit où traditionnellement on présente la vie comme un songe, un lieu où se dit encore et toujours : Homo Bulla. [...]

… le dieu du champagne est immanquablement danseur, pareil à ces maîtres du ballet baroque qui associaient la musique, le chant et la danse. Chassé, déchassé, balancé, volte et dérobée : à tout le moins, l’ennemi, c’est la lourdeur. Le champagne aime le ciel quand d’autres vins chérissent la terre ; il vénère ce qui est aérien, éthéré, jusqu’à se faire du gaz un allié ; il est complice du temps plus que de l’espace, car le terroir n’est pas son domaine de prédilection. En tout cela, il peut être apparenté à la musique - là où le bordeaux serait peinture, le bourgogne sculpture.

D’ailleurs le champagne est le seul vin qui chante, réellement. Il suffit, outre le claquement sec du bouchon, qui, à lui seul, est promesse de musiques heureuses, d’écouter crever à la surface de la coupe les bulles du breuvage qui vit. Dans le déroulement le plus aléatoire qui soit, elles font de petites explosions sèches, fines, claquent, pétillent, réjouissent l’oreille. Avec le temps qui passe, nouvellement marié avec l’air, le champagne module son chant au fur et à mesure qu’on attend de le boire, ou qu’on le boit. Les effervescences sont moindres, plus espacées : le rythme s’est modifié, la cadence n’est plus la même. L’impétuosité a laissé place à un concert différent : du fortissimo au piano, de l’allegretto à l’adagietto. […] 

S’il me faut l’équivalent, en musique, de ce que pourrait être le champagne, je le verrais volontiers chez Mozart… »

 

      Mozart, Don Giovanni, Champagne Aria, Fin ch’han dal vino


« Que dit Mozart, ici ? Da Ponte, d’abord, le librettiste : qu’il faut la fête, les plus belles des files, de la danse et du vin. On ne précise pas lequel et ce n’est pas du champagne. Don Juan envisage le menuet, la gaillarde et l’allemande. Il pense qu’ainsi il pourra augmenter sa liste d’une bonne dizaine de nouvelles conquêtes. Et si l’on dit de cette aria qu’elle est l’air du champagne, c’est seulement par ce que dit la musique, et elle seule : le traitement orchestral est, pour le moins, pétillant, effervescent. L’allure est rapide, la cadence infernale. […] Car Don Juan est-ce débordement spirituel en même temps que libidinal qu’on ne peut signifier musicalement que dans l’urgence, la frénésie et les brièvetés de cellules juxtaposées. La voix est doublée de flûtes et de violons, des instruments que Mozart utilise volontiers pour exprimer le charme et la démonie. La séquence est assimilable au masque : sous la bonhomie, le désir de fête, la volonté de jouissance, se cache le tragique. L’éternel retour du désir est dit par l’éternel retour des mêmes cellules musicales - le mouvement sans fin des bulles qui désirent la surface et l’anéantissement. Le champagne est métaphore du désir en même temps que rappel, sur le mode baroque de la vanité, de notre humain condition. […]

Le champagne est là pour dire cette aspiration au plaisir en même temps que l’enracinement de cette appétence dans le manque qui nous taraude : si nous voulons la jubilation, c’est que nous ne sommes pas heureux. Homo bulla. »


Michel Onfray, La raison gourmande, 1. Petite théorie des bulles, Grasset, 1995

 

illusions désirs bulle femme

Femme bulle…

 

food-art-champagne-3-bout-noir.jpg        

… et ses petites robes noires 

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« Les jouissances génésiques augmentent la soif; de là ces descriptions poétiques de Chypre, Amathonte, Gnide et autres lieux habités par Vénus, où l'on ne manque jamais de trouver des ombrages frais et des ruisseaux qui serpentent, coulent et murmurent. »

Méditation VIII, De la soif    

 

« Ceux qui s'indigèrent ou qui s'enivrent ne savent ni boire ni manger. » 

 Aphorismes    

Jean Anthelme Brillat-Savarin, Physiologie du goût    

 


  Consultez également :    

  6. Moments sensuels  

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 23:00

 

 

Après une entrée stimulante, un plat torride et un dessert envoûtant, le moment est venu de poser la question de la plus haute importance : thé, café ou chocolat ? Dans cet ordre, car il n’est pas fortuit. La puissance aphrodisiaque de ces trois « filtres d’amour » s’intensifie crescendo : le thé évoque plutôt la sérénité zen, le café - la résistance à la fatigue, l’éveil intellectuel, et enfin le chocolat atteint les sommets de la sensualité et de l’érotisme. 

Mes préférences vont dans le sens inverse, c’est le thé, le moins « érotique » des trois, que j’affectionne tout particulièrement. Mais pas le thé vert, celui des puristes. Mon hérésie chronique me poursuit jusqu’ici : j’aime le thé noir, fermenté, les mélanges anglais, russes ou les thés chinois roulés en boules, amers et très forts ; le thé servi impérativement dans une tasse en verre transparent pour pouvoir se délecter de sa belle couleur ambre foncé sécrétée par des grandes feuilles, fleurs et bourgeons froissés lorsque l’eau frémissante les caresse, embrasse ardemment et ramène à la vie. 

 

 

La fleur de thé blanc ressuscitée donne un breuvage au goût subtil, léger, fruité et délicatement parfumé. Essayez de le mélanger avec l’infusion corsée de thé noir, effet garanti! Si, de plus, vous avez un fin connaisseur de thé sous la main, vous le verrez sortir de ses gonds devant tant d‘insolence et tel manque de respect pour l‘étiquette, et ce spectacle est toujours appréciable en soi.

 

Michel Onfray parle avec passion et érudition de ces trois élixirs excitants. Dans La Raison gourmande, il leur consacre un chapitre entier. Je me suis replongée dans la lecture de ce livre avec gourmandise et plaisir d’autant plus grands que ces derniers temps, j’allais de déception en déception, de désillusion en désillusion, concernant l’écrivain et le philosophe que j’appréciais tant. Et cette relecture, elle, ne m’a pas déçue. J’ai choisi donc quelques extraits qui soulignent l’aspect érotique du thé, café et chocolat, et je voudrais les partager avec vous.  



 

Michel Onfray,

La Raison gourmande, 5. Brève mythologie des religions excitantes, Grasset 1995

   

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« Dans le panthéon des fleurs et des feuilles qui fêtent le corps et le libèrent des pesanteurs consubstantielles au quotidien, j’aime à penser que le théier, le caféier et le cacaoyer ont leur place pour les décoctions, infusions et magies qu’ils permettent aujourd’hui et qui firent, à l’origine, l’objet de mythologies singulières qui toutes convergent dans l’expression figurée d’une mobilisation réitérée du corps, puis d’une nécessaire tension de l’âme et de la chair qui la porte. Approches timides et douces, sinon homéopathiques, des Elysées ou des Nirvanas, connaissance, hors le gouffre, des états bienheureux, les boissons non alcooliques stimulantes font partie des réconforts de la famille du népenthès. Plus que jamais réjouissantes et nécessaires. »

 


THE 

food art thé poèmes rikyu« Le théisme est quintessencié et formulé par Sen Rikyu qui identifie l’esprit du thé aux quatre principes fondamentaux : l’harmonie, le respect, la pureté et la sérénité. Ainsi, l’harmonie naît de la rencontre de ce que, en termes hégéliens, on pourrait appeler « la lutte des consciences de soi opposées », à savoir l’hôte et l’invité, l’un et l’autre. Ces deux moments à priori irréductibles et opposés, sinon des contradictions, du moins des principes de contrariété, sont parties prenantes dans une dialectique dont le thé est l’occasion, la méditation propice. Naturellement séparés et déchirés, les fragments sont culturellement réunis et transcendent leurs différences dans une intersubjectivité harmonieuse, donc réussie. Sur le mode de la sublimation, le thé réalise et promeut des identités en correspondance à partir de diversités dépassées au profit de complémentarités. La dialectique n’a jamais été autant actualisée, incarnée, mise en forme immanente. L’un permet l’autre, et vice versa : en aucun cas éthique n’a mieux été signifiée.

Entre les deux instances de l’intersubjectivité circulent les codes qui valent pour les affects en lieu et place des sentiments : des offrandes de nourriture, des cadeaux de bouche, des présents alimentaires pour un repas léger si la saison le permet. Au cœur du cérémonial gît le potlatch qui oblige le récipiendaire à un retour de signe et installe l’obligeance comme modalité de la relation. Tout ce qui s’apparente à la violence, à la lutte, au conflit ou à l’opposition est conjuré par le don à ingérer. La barbarie naturelle est évacuée par l’obéissance scrupuleuse aux raffinements du rite qui, de cette façon, structure le style, colonne vertébrale de toute culture. Entre les deux participants à la cérémonie du thé circulent la modération et la douceur. L’humilité et la délicatesse ouvrent les sentes qui conduisent au calme, à la bienheureuse jouissance de la relation avec autrui. Ainsi, la dialectique coïncide avec une esthétique. »


 

"Ahhh ! Vous respectez bien l’étiquette ..."

 


 

CAFE

 

food art café amazing-coffee-latte-art-76food art café coeurs amazing-coffee-latte-art-68   

 

« La chose existant, il s’agit de la nommer et de faire correspondre au signifié un signifiant exprimant la quintessence. Kawah inaugura. D’abord pour signifier la provenance : de Kaffa. Ensuite, pour célébrer l’état dans lequel met le café, car il est-ce qui excite, ravit, donne de l’énergie et de l’envolée. […]

Parce que ce philtre était noir comme la pierre sacrée de la Kaaba, ce grand météorite adoré en La Mecque, pour la raison, également, qu’elle était réparatrice, tonique et stimulante, la boisson fut appelée kuebwa - ce qui veut dire « l’excitant ». Cette dernière vertu semble tout spécialement confirmée puisqu’on prête au Prophète reconstitué la confidence que chaque absorption lui donnait la vigueur nécessaire à désarçonner quarante cavaliers et à satisfaire bibliquement, dirons-nous, autant de femmes. Fichtre, quelle boisson sublime ! »


 

Un nuage de lait dans votre café 


 

CHOCOLAT

       

food-art-chocolat-macarons.jpg« Le thé était bouddhiste, le café musulman, le chocolat sera l’emblème d’une civilisation païenne vivant en harmonie avec la nature, pratiquant les sacrifices, exacerbant des sexualités solaires, dionysiaques et collectives. […] Et jusqu’à l’époque des Lumières, le chocolat qu’on dit baroque est d’abord, et avant tout, un support à épices qui échauffent le sang, excitent et mettent les libidos en transport. Avec la fève de cacao torréfiée, on prépare de savants mélanges dans lesquels entrent de l’écorce fraîche de cédrat et de citron, du jasmin, de la cannelle, de l’ambre et du musc, du piment et du poivre, de l’anis, du gingembre et de l’aciole. On ajoute à tout cela du roucou, une poudre qui rappelle les couleurs de la latérite africaine, des graines de bombax et de la bouillie de maïs. Nul doute qu’avec ces substances l’âme ne soit brûlée, la chair excitée. L’ancêtre du chocolat d’aujourd’hui était d’une évidente virilité… […]

Du chocolat pré-hispanique, il faut retenir la force et la puissance corsée. La boisson rituelle des Mayas - la fève moulue, des épices et de l’eau - […] était également servi lors des cérémonies destinées aux divinités tutélaires célébrées par les planteurs, à savoir, les dieux de la pluie, de la fertilité et du commerce. […] Le moment propice à l’ensemencement était fêté par des copulations magiques assurées par des couples désignés et choisis à cet effet.

 

food art rose en chocolat

En dehors des moments sacrés réservés aux cérémonies du Pouvoir, de la Guerre et de la Fécondité, le cacao était contemporain des heures essentielles d’une existence et des fêtes rituelles ou de passage : lors de la naissance et au moment du choix d’un prénom ; pour célébrer la puberté, lorsque l’on enduisait les corps d’un mélange d’eau de pluie, de pétales de fleurs et de poudre brune ; lors des demandes en mariage ou pour accompagner le défunt pendant son voyage, après la mort. De sorte qu’on voit le cacao associé à la naissance et à la mort, au pouvoir et à la sexualité, à la puissance et au destin, à tous les instants spermatiques, génésiques, généalogiques, initiatiques et à leurs pendants, les heures habitées et gouvernées par Thanatos. [...]

Là où le thé et le café exacerbent les capacités spirituelles et cérébrales, le chocolat met en exergue l’érotisme, au sens large du terme, c’est-à-dire les puissances de l’énergie et de la force. »


Michel Onfray,

La Raison gourmande, 5. Brève mythologie des religions excitantes, Grasset 1995


 



"Le sang qui coule en moi c’est du chocolat chaud" 

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"N'est pas gourmand qui veut."  -   Jean Anthelme Brillat-Savarin,  

 


   Consultez également :    

   6. Moments sensuels 


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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 05:48

 

"Heureux chocolat, qui après avoir couru le monde, à travers le sourire des femmes, trouve la mort dans un baiser savoureux et fondant de leur bouche"

Anthelme Brillat-Savarin  

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3. Fondue au chocolat, brochettes de fruits 

 

food art fondue-chocolat-fruitsLa recette 

Faire fondre 100 g de chocolat extra noir au micro-ondes ou au bain-marie avec 2 cuillères à soupe de crème liquide, 25 g de beurre, 1 cuillère à soupe de rhum, 1 cuillère à café de cannelle et 1 cuillère à café de vanille Bourbon, conserver au chaud. 

Disposer les pignons de pins grillés dans une coupelle. 

Découper les fruits (bananes, fraises, kiwis, framboises, ananas, poires) en morceaux (rondelles, cœurs ou initiales des prénoms), les arroser de jus de citron, et en faire de petites brochettes séparant les fruits avec des feuilles de menthe fraîche. 

Plonger les brochettes dans le chocolat, puis dans de pignons de pins avant de déguster.

 

Le chocolat

Plus de 300 substances actives et bienfaisantes sont contenues dans le chocolat, commençant par : magnésium, potassium, fer, antioxydants. ..

food art Nutella bainLe chocolat contient : la théobromine qui stimule le muscle cardiaque et le système nerveux de manière permanente, douce ; la caféine, un psychostimulant qui augmente la résistance à la fatigue, favorise l’activité intellectuelle.

L’arginine s’y trouve également, un acide aminé que l’organisme transforme en oxyde nitrique, selon un principe proche de l’action du Viagra.

La phényléthylamine y est présente, elle stimule les mêmes zones du cerveau que les amphétamines ; le tryptophane, un antidépresseur naturel ; l’anadamide qui a les mêmes effets que le cannabis.

En règle générale, manger du chocolat déclenche la sécrétion d’endorphines, les hormones du plaisir qui aiguisent les sens, favorisent les fantasmes érotiques, stimulent les émotions, peuvent provoquer l’euphorie, contribuent à l’orgasme. Le parfum suave du chocolat accentue la sensation de bien-être…

 

Le chocolat fut considéré comme un très fort aphrodisiaque dès sa découverte par les Aztèques. Selon la légende, l’empereur aztèque Moctezuma avait l’habitude de boire son chocolat bien épicé avant d’honorer une des épouses de son harem ; et les Indiens s’enduisaient les zones érogènes d’une bouillie de cacao pour rendre leurs baisers plus savoureux.

En Europe, le XVIIe et le XVIIIe siècles c’étaient des périodes de très forte consommation de chocolat, en partie grâce à ses vertus aphrodisiaques. « Ses propriétés stimulantes sont propres à exciter les ardeurs de Vénus. » - écrivait Louis Lémery, médecin, botaniste et chimiste, dans son Traité des aliments, en 1702. 

Madame du Barry, Madame de Pompadour, Casanova buvaient le chocolat chaud épais, mousseux, sirupeux, régulièrement ou avant d’entamer la nuit d’amour. 

Des scènes où on voit des couples dégustant ce breuvage « échauffant les esprit et les passions » sont souvent représentées dans des gravures et des estampes allemandes du XVIIIe siècle.

Marquis de Sade, jamais à court d’idées, a fait distribuer des pastilles de chocolat fourrées à la cantharidine (une molécule produite par certains coléoptères, qui provoque une érection permanente et douloureuse) au bal qu’il avait organisé lui-même. Quelle gentille attention d’un hôte à l’égard de ses convives...

Brillat-Savarin consacre de belles pages au chocolat dans sa Physiologie du goût.

 

food-art-femme-chocolat-violon.jpg

"Les dames espagnoles du nouveau monde aiment le chocolat jusqu'à la fureur, au point que, non contentes d'en prendre plusieurs fois par jour, elles s'en font quelquefois apporter à l'église. Cette sensualité leur a souvent attiré la censure des évêques; mais ils ont fini par fermer les yeux. [...]

En suivant les lumières d'une saine doctrine, M. Debauve cherche en outre à offrir à ses nombreux clients des médicaments agréables contre quelques tendances maladives. [...]

Mais son principal mérite est surtout de nous offrir, à un prix modéré, un excellent chocolat usuel, où nous trouvons le matin un déjeuner assez suffisant, qui nous délecte, à dîner, dans les crèmes, et nous réjouit encore, sur la fin de la soirée, dans les glaces, les croquettes et autres friandises de salon, sans compter la distraction agréable des pastilles et diablotins, avec ou sans devises."

Brillat-Savarin,  Physiologie du goût,  Méditation VI, § X.--Du Chocolat.--Son origine


 

La cannelle est l’un des plus anciens aphrodisiaques. Elle influe sur l’action des oestrogènes, c’est également un vasodilatateur qui facilite la circulation sanguine et qui aurait un effet positif sur les troubles de l’érection.

Les Romains ornaient les temples de Venus Libentina, la déesse du désir et plaisir charnel, de guirlandes de fleurs de cannelier. Au Moyen Age, la cannelle entrait dans la composition des élixirs et philtres d’amour, et selon la légende, même Tristan et Yseult buvaient ces breuvages.

La vanille. Son odeur est un stimulant sexuel, elle entre dans la composition de nombreux parfums. L’une de mes préférées.

 

La banane : un remontant qu’il faudrait plutôt manger après un acte sexuel, mais c’est sa forme phallique qui a fait sa réputation d’aliment aphrodisiaque.

La fraise : un fruit « sensuel » qui fait souvent partie des ébats sexuels.

Le kiwi : un stimulant, grâce à sa richesse exceptionnelle en vitamine C.

Les noix de pin amélioreraient la fécondité selon les traditions datant du Moyen Age, et inciteraient à faire l’amour plus souvent.  Au XVIIe siècle, Pierre Le Loyer conseillait aux jeunes maris froids : «Que sur la fin du dessert, on leur porte l’hypocras rouge, ou bien un puissant vin, la truffe noire, avec le fruit du pin ». 

 

Les autres aphrodisiaques, excellents pour le dessert envoûtant : miel, réglisse, grenade, figues, amandes…

  

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food art - dessert - pastèque lovefood-art - dessert - pasteque monstre

      I love the Monster of Pastèque…


art-food ananas

 … avoue Déesse d’Ananas 


food-art - dessert - sculpture melon fraise

 Les jeux de Cupidons et les joies de la vie de famille se cachent dans

une fraise et un melon

 

food-art- dessert - pomme papillionfood art - dessert - pomme poire

 Une pomme tentatrice qui papillonne...               et deux poires tendres et fidèles 

 

food-art- dessert - sexe bananes lit

      Laquelle de ces bananes rêve du grand amour…


food art - dessert - sexe bananesfood-art- dessert- sexe bananes

 …romantique et passionné ?


     food art bananes lit epluchées 

            Quitte à y laisser sa peau 

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La meilleure recette de la tarte aux fruits


Et pour les gâteaux et confiseries, nous avons le choix  entre…

food art - dessert 2 sexes gâteaufood art - dessert - sanwich femmes

 ... la qualité et le raffinement de la grande cuisine et la quantité, fade et bien tassée, du fast-food...

food art tantrachocolatebar
 ... ou l'équilibre exotique des figures imposées

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"Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un oeil." - Brillat-Savarin  

D'accord, d'accord, le voilà ! Les fromages comme une pièce montée de noces d’Emma Bovary, ou presque… 
  
food art varietes-fromage
 
»On avait été chercher un pâtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses ; et il apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d’étoiles en papier doré ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confitures et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, en guise de boules, au sommet. »

Gustave Flaubert, Madame Bovary, Première partie, § IV, p. 88, GF-Flammarion




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  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc
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