Certains d'entre vous vont trouver que faire plusieurs centaines de kilomètres pour voir Michel Onfray à Nice est un acte un peu fou. Je ne leur donnerais pas tort, bien sûr. Il y a bientôt un an que ce quatuor s'est formé. Je me souviens du moment précis où ma rencontre avec Michel Onfray eu lieu, dans ma voiture, 19h05 sur France Culture en 2004. Sa voix, posée, grave, son discours, passionnant. Depuis, il fait parti de ma vie, le lire, l'écouter, connaître toutes ses actualités, ses avis, ses amis et ennemis. Se nourrir de ses écrits et paroles pour rencontrer et adhérer à d'autres que lui, justement. Il était devenu pour moi nécessaire, désormais, de le voir. Ce fut à Nice le 19 juin au Festival du livre.
La salle se remplit, on demande au public trop nombreux de serrer les rangs, on refuse du monde. 14h45, Franz-Olivier Giesbert arrive accompagné de Michel Onfray, chemise blanche, cheveux ondulés, jean noir, souriant. Une dame à côté de moi se propose de mettre quelqu'un sur ses genoux, Michel Onfray dit à peu près la même chose, nous en sourions. On m'a vendu une conférence sur son dernier livre, Manifeste hédoniste, il n'en sera rien.
Le discours d'Onfray commence avec l'aide de FOG. "Qu'est-ce qui te rend heureux, pourquoi continues-tu malgré les attaques persistantes et rudes de tes adversaires ?" Pour ramener la philosophie à sa forme la plus populaire, pour qu'enfin elle redevienne accessible à tous, aux hôtesses de l'air comme aux vendeurs de poissons, une philosophie telle qu'elle se pratiquait dans l'Antiquité. Certains sont payés à ne rien faire (la salle rit, bonjour monsieur Ferry), lui se propose, avec ses amis de l'Université Populaire de Caen, de travailler gratuitement. De faire quelque chose pour la philosophie qu'il aime, celle qui n'est pas réservée à l'élite.
Le tour des questions arrive, j'en retiens une très intéressante d'un analyste présent dans la salle. "Comment moraliser une société nouvelle, une société d'athées ?" La réponse de Michel Onfray ressemble à une formule mathématique, une combinaison. Tout d'abord savoir qu'autrui existe, apprendre à ses enfants que nous sommes. Puis, faire aux autres ce que je voudrais qu'ils me fassent (nous brissons, et si cet autre aimait la perversion ? Il s'en amuse). A cela, il ajoute une responsabilité sans culpabilité (se savoir responsable mais faire des choix parce que ce sont les bons et non parce que la société me les impose en me culpabilisant) et un devoir de vérité seulement à qui je la dois (en quelque sorte, c'est à moi seul de choisir à qui je dis la vérité et à qui je mens) conformément à Pascal.
Certains lui coupent la parole, les agités de l'assemblée... 15h50 environ, oui, je n'étais pas les yeux rivés sur ma montre, un homme d'un certain âge rentre dans la salle de façon assez vive, arrête l'échange en cours pour faire une proclamation : "Il y a cinq cents personnes qui attendent dehors pour la prochaine conférence, il faudrait voir de sortir !!" Claude Allègre et son public ne sauraient supporter plus d'attente, nous huons, sifflons, ah, nous sommes obligés de plier. Je descends les escaliers, sors de la salle, en effet, bousculades, sécurité par ici !!
Je ne pourrais dire que je suis déçue, il est brillant, il a de l'humour. Il est tel que je le lis, tel que je l'entends depuis déjà quelques années. Cela ne change rien. Peut-être même que je n'ai pas le désir de vraiment le connaître, il est si beau dans mes illusions.
Constance
À consulter également :
- Michel Onfray au Festival du Livre de Nice, 2011 - 2
- Michel Onfray au Festival du Livre de Nice - 2014