Lucien Clergue a abordé tout au long de sa carrière plusieurs thèmes, entre autres, les nus féminins, le paysage, le portrait qui tous, je n'en connais la raison, m'ont touchée invariablement avec plus ou moins de force. L'occasion s'est présentée d'approfondir mon amour pour cet artiste et, je l'espère, le partager avec vous.
Anne Clergue, sa fille, à partir des innombrables clichés pris par le photographe au cours de ses nombreux séjours en Amérique, a sélectionné 150 oeuvres, pour la plupart inédites, présentées lors d'une exposition en Arles durant ce mois d'Avril.
Je déambule dans les rues de la ville, je m'y perds, la chaleur est étouffante, c'est la féria. La place de la Mairie est comble, de la musique s'échappe. Je monte les escaliers qui mènent à l'exposition, je parcours les pièces entourée de curieux, passionnés, les fenêtres sont ouvertes, je regarde à travers les rideaux, une petite fille danse sur scène. Je me dis que c'est le moment idéal pour découvrir cette exposition dédiée à la vie.
Eve est noire, Vallée de la mort
Nudes of the beach Autoportrait télévisé, New York
Lucien Clergue parle de l'Amérique dans l'émission Carrefour des Arts. La présentation du site Canal Académie, où vous pouvez entendre une interview du photographe : "Lucien Clergue entretient avec l’Amérique des liens profonds. Pourquoi et comment le Musée d’art moderne de New-York, le MoMA décide-t-il, en 1961, de faire confiance à ce jeune photographe de 27 ans en lui proposant de présenter sa première rétrospective ?
A son arrivée à New-York, il se précipite pour admirer sur place Guernica de Picasso. Lucien Clergue voit que la toile -dont il nous dit dans cette interview, combien elle est proche d’une photo noire et blanc- voisine avec des photographies. Une cohabitation inconnue en France à la même époque. Une idée qu’il retiendra. Pendant plus de quarante ans, le MoMa a accueilli la toile que Picasso refusait de voir exposer en Espagne au temps du franquisme. Le peintre avait émis le souhait qu’elle y demeure, jusqu’à ce que la démocratie advienne en Espagne. On peut aujourd’hui l’admirer au musée de la Reine Sofia à Madrid.
Lucien Clergue est invité au MoMa par Edward Steichen, photographe, galeriste et conservateur au MoMA de 1947 à 1962 qui lui a acheté 9 photos avant l’exposition : 8 nus et 1 oiseau mort, une reconnaissance avant l’heure par l’auteur de The family of man (1953), dont la renommée et l’autorité dans le monde de la photo est alors internationale.
L’aventure de Clergue en terre américaine ne fait que commencer…Il refuse de travailler pour Vogue. Le Nouveau Monde s’offre à lui.
Fidèle à sa ville natale, où il vit toujours et où il y fonda "Les Rencontres de la Photographie d’Arles", Lucien Clergue se rend régulièrement aux Etats-Unis, depuis ce premier séjour en 1961.
De ses voyages In America, il a réalisé des milliers de clichés, façonné son destin d’artiste et apporté son regard de méditerranéen en terre américaine. Il évoque la magie des lumières de New-York et de celles de Provence, leurs similitudes inattendues et leurs forces créatrices pour son oeil de photographe.
Lucien Clergue a exposé dès 1958, à Paris. Mais son exposition de 1961 au Museum of Modern Art de New York, MoMa, marque un véritable tournant dans son parcours d’artiste. L’année suivante, il expose au Musée des Arts Décoratifs, au Pavillon de Marsan du Musée du Louvre. Lucien Clergue est lancé, suivront des expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Japon.
Il explique que la photographie Nu aux ombres (1986) prise au Nouveau Mexique, dans le désert de White Sands qui servit aux essais nucléaires américains, est une sorte d’hommage à cette célèbre photographie d’un de très rares murs encore debout au lendemain de l’explosion d’Hiroshima, et qui avait gardé l’empreinte d’une échelle posée là, comme photographiée par le flash atomique. « C’est pour faire quelque chose dans le même esprit », nous dit-il, qu’il demanda à son modèle de mettre les bras en croix derrière elle, ne gardant que leur ombre dans le cadrage.
Dans la réserve naturelle de Point Lobos en Californie où il s'est rendu de façon "occasionnelle", dit-il, plusieurs fois, à 2 ou 3 ans d’intervalle- il a réalisé des photos où parlent les rochers et le sable, et l’imagination quand il photographie un nu aux étoiles. "