Conçu quelque peu comme le Petit traité des grandes vertus d'André Comte-Sponville, ce Petit traité de vie intérieure de Frédéric Lenoir se veut une initiation à une spiritualité avec Dieu(x), une ligne de conduite, le bonheur en boîte accessible à tous.
Chaque chapitre, dont l'application doit nous faire parvenir à ce bonheur tant attendu, traite des expériences de leur auteur : voilà qui dérange. En effet, comment comprendre ce qui ne peut l'être qu'après expérimentations ? Croyions-nous, adolescents, à ce que les adultes nous promettaient ? Evidemment non.
Voici, par ces quelques lignes, ce que nous en avons sauvé. Tout d'abord, une bonne présentation de la sagesse stoïcienne, acceptation de la part d'inéluctable des évènements, de la réalité, de sa propre personne. Transformer ce qui peut l'être en ayant foi en soi et en la vie car c'est là où se joue notre bien-être et sa croissance.
Qu'est-ce qu'une vie réussie ? "Une vie réussie est toujours le fruit d'un engagement, d'une véritable implication dans tous les domaines de l'existence" p 33, acquérir la conscience de la responsabilité individuelle, qui nous conduira à la responsabilité collective. Comment ? En mesurant l'importance de nos pensées, de nos paroles, de nos actions en s'aidant pour cela du silence mental et du zen.
Dans un monde idéal, certes, chacun est libre de choisir son existence, ses fréquentations, ses amis, ses études. Nous le savons, le monde est injuste.
Sa règle d'or : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l'on te fasse." Eloge de l'humour, de l'amitié, de l'amour, de la beauté, qui donc pour le contredire ?
A noter, un très bon dialogue inédit entre Jacques Séguéla et Socrate où il est question d'une rollex...
Ce livre est sage (enfin, qui cherche la sagesse ?) et plein de bonté. La forme y est excellente, écriture fluide et compréhensible par tous mais jugeons-nous un livre philosophique sur sa forme ou sur son fond ? Je lis pour l'éclat de la nouveauté, pour le petit plus, le mordant, la fantaisie de l'esprit. Rien ici pour étancher ma soif. Aucune idée neuve, chacune a déjà été développée par Montaigne, Sénèque, Aristote, Spinoza car, comme le dit Frédéric Lenoir, si la société a changé, le coeur des hommes, lui, reste toujours le même. A offrir aux non-initiés, ou à ceux qui aiment qu'on leur donne des recettes de vie. Ce n'est malheureusement pas mon cas.
Court extrait que vous pouvez retrouver sur le site de Frédéric Lenoir :
"Exister est un fait, vivre est un art.
Nous n’avons pas choisi de vivre, mais il nous faut apprendre à vivre comme on apprend à jouer du piano, à cuisiner, à sculpter le bois ou la pierre. C’est le rôle de l’éducation. [...] Comment réagir face à la souffrance ? Comment nous connaître nous-mêmes et résoudre nos propres contradictions ? Comment acquérir une vraie liberté intérieure ? Comment aimer ? Comment finalement accéder à un bonheur vrai et durable, qui relève sans doute davantage de la qualité de relation à soi-même et aux autres que de la réussite sociale et de l’acquisition de biens matériels ? [...]
Puisse ce petit livre aider d’autres âmes en peine et en quête de lumière à comprendre que l’amour est proche, que la liberté intérieure peut advenir, que la joie est là. "
"Dans cette solitude extrême, se produit la deuxième métamorphose : l'esprit devient lion. Il entend conquérir sa liberté et être le roi de son propre désert. Il se cherche un dernier maître ; il sera l'ennemi de ce dernier maître et de son dernier Dieu ; il veut se mesurer au grand dragon et le vaincre. Quel est ce grand dragon que l'esprit refuse désormais d'appeler son seigneur et son Dieu ? Le nom du grand dragon, c'est "Tu dois". Mais l'âme du lion dit "Je veux".
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Constance