Nous avons enregistré pour vous ce petit reportage sur Up de Caen, diffusé le 09.06.2011 au Journal Télévisé sur France 2 : La philo superstar.
Pour compléter le sujet, voilà un article publié le 25.05.2011 sur le site Côté Caen - L’université populaire : retour sur un succès
C’était en 2002. Le philosophe d’Argentan, Michel Onfray, lançait l’université populaire, à Caen. Des cours ouverts à tous, gratuits, et dispensés par des bénévoles. Un concept qui séduit de plus en plus.
Dans la salle du théâtre des Cordes, la semaine dernière, une quarantaine de personnes, attentives. Devant eux : Paule Orsoni, une ancienne professeur de philosophie, en lycée. À l’ordre du jour « Lectures et commentaires de textes classiques ». Au programme : un extrait d’« Ainsi parlait Zarathoustra », de Friedrich Nietzsche. Dans la salle, des cheveux grisonnants et de jeunes femmes. Assidûment, beaucoup prennent des notes. Bienvenue à l’université populaire.
• L’université populaire, c’est quoi ?
"La première version de l'université populaire date de la fin u XIXe siècle, à l'époque de l'affaire Dreyfus", raconte Dorothée, l’assistante du médiatique philosophe ornais, Michel Onfray. C’est elle qui gère aujourd’hui l’ensemble de l’université populaire caennaise. À l’époque, face à la déraison que manifestent les idées antisémites, des intellectuels avaient décidé de dispenser des cours gratuits à destination de la « classe ouvrière ». "Quand Jean-Marie Le Pen s'est retrouvé au second tour des élections présidenielles, en 2002, des intellectuels ont voulu réagir", poursuit Dorothée. Et Michel Onfray a remis au goût du jour ce "système d'éducation populaire".
• Quels sont ses grands principes ?
Un accès totalement libre, sans inscription, gratuit, des professeurs bénévoles, pas d’examens, pas de présence obligatoire, pas de diplômes… Une totale liberté !
• Qui sont les intervenants ?
Choisis généralement par cooptation, ce sont d’anciens professeurs, des professeurs encore actifs ou des personnes hors institution. Certains sont Caennais, comme Nicolas Béniès, Gilles Geneviève (cours de philosophie pour les enfants), ou encore Jean-Pierre Le Goff… Et beaucoup viennent de Paris. Ils proposent, selon leurs disponibilités, des cours toutes les semaines, les mois, les trimestres…"Ils sont assez libres dans leur façon d'enseigner, mais doivent tout de même respecter le format : une heure de conférence, une heure d'entretien avec le public", détaille Dorothée.
• Quel est le public ?
Tous les âges. Sauf peut-être les trentenaires, "souvent trop occupés au travail ou avec des enfants. Au début, nous avions beaucoup de retraités, car ce sont évidemment eux qui ont le plus de temps. Mais aujourd'hui, on voit de plus en plus d'étudiants qui viennent, en plus de leurs cours à l'université."
Des cours de philo pour les enfants.
Même les enfants viennent à l’université populaire, puisque des ateliers philosophies leur sont proposés. Et les participants ne sont pas tous uniquement de la région caennaise, certains font du covoiturage pour venir assister aux cours. "J'ai mis en place un forum covoiturage sur le site internet. Ainsi, certains viennent du Havre, de Nantes ou encore de Paris pour assister au cours de Michel Onfray, notamment."
En ce qui concerne la représentation des milieux sociaux, "il est difficile de la savoir, puisque nous n'avons pas de recensement. Mais je me rappelle, une fois, un homme dans la salle critiquait l'université populaire, l'estimant trop élitiste. Et une femme a alors pris la parole, d'une voix tremblotante, en avouant qu'elle était femme de ménage et qu'elle venait toutes les semaines à l'université populaire..."
S’il est impossible de compter le public, Dorothée assure qu’il répond présent, "de 10 à 200, selon les séminaires. Et celui de Michel Onfray qui réunit toujours entre 800 et 1 000 personnes !"
• Quels sont les cours dispensés ?
De la philosophie, de l’économie, des mathématiques, de la littérature, du cinéma, de la psychanalyse, de la musique, des idées politiques ou encore l’histoire de la Normandie… "On essaye d'être très culture générale pour que tout le monde s'y retrouve... Il y en a vraiment pour tous les goûts."
• Où se déroulent les cours ?
Dans sept lieux : au théâtre d’Hérouville Saint-Clair, au théâtre des Cordes, à Caen, mais aussi au musée des beaux-arts, au Panta Théâtre, au Café Mancel ou encore au Conseil régional, et dans la salle François Mitterrand, à Ifs, la salle Trianon, à Lion-sur-Mer… et au théâtre du Rond-Point, à Paris.
• Comment a évolué le concept ?
"Il a été repris dans de nombreuses villes. Une association, qui regroupe les universités populaires de France, a même été créée, mais nous ne souhaitons pas en faire partie, assure Dorothée. Ils ne sont pas toujours sur le même principe de gratuité que nous, ou sont trop politisés."
L’université populaire de Caen s’est également étendue à Argentan, mais pour y développer une université du goût, où l’on y apprend la cuisine, au travers de conférences, d’interventions et de démonstrations.
Elle fête ses 10 ans
L’université populaire de Caen fêtera ses 10 ans, en octobre 2011 (année scolaire 2011/2012). Avec des nouveautés : de la psychanalyse, avec Didier Pleux ; de la musique, avec Isabelle Villey, professeur de luth ou encore de l’architecture avec David Orbach et de l’Histoire, avec Jacky Desquesnes.
Ewa - Marc