La mort..."Y aller, mais à son heure. Ne pas avoir empoisonné son existence avec elle : tant que je suis là, elle n'y est pas, dit Épicure; quand elle arrive, je n'y suis plus."
[Michel Onfray, "Féeries anatomiques"]
Día de Muertos à Anahuacalli, l’endroit fou créé par Diego Rivera pour accueillir son incroyable famille de sculptures et objets précolombiens, qu’il restitue par ce biais à son véritable propriétaire : le peuple mexicain.
Le mois de novembre est merveilleux à Mexico : les lunes énormes et rousses d’octobre ont préparé le ciel ; le soleil et le vent frais s’occupent du reste.
Novembre, c’est la fête des morts, la plus belle des fêtes, où l’on célèbre le squelette qui vit en nous.
Les « calacas », « calaveras », « Catrinas » peuplent les rues, les maisons, les musées, les bureaux …
Les maîtresses d’écoles installent des offrandes avec les enfants qui n’ont qu’une envie : goûter au « pain des morts », délicieusement saupoudré de sucre.
Halloween s’implante mais fait pale figure aux côtés des autels traditionnels.
Et puis il y a la fleur de Cempazuchitl, aux couleurs du soleil, qui guide les âmes des défunts. Elle embaume toute la ville de son parfum poivré et illumine les offrandes.
On oublie le froid du marbre des pierres tombales; on discute, on mange, on chante, on boit; chez soi, dans les cimetières.
On célèbre cette journée avec nos morts.
Les enfants croquent « la huesuda », l’osseuse… calaveras en sucre ou en chocolat.
Anahuacalli accueille particulièrement bien cette fête : la pyramide noire de pierre volcanique ressemble parfois à un tombeau, où virevoltent les mémoires des acrobates, danseurs, femmes aux gestes doux, guerriers, animaux qui la peuplent.
Et celui-ci qui me regarde, lointain, tout proche...
Il me fixe, je le regarde, fascinée. Je me sens presque gênée de le prendre en photo.
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