Les états généraux de l’économie sociale et solidaire vont se tenir le 17-19 juin 2011 à Paris. C'est une grande manifestation festive et citoyenne qui mobilise l’ensemble des acteurs de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et comporte : conférences et débats, expositions, vidéos, exemples concrets de projets réussis, marché solidaire qui fait découvrir des produits et services issus de l’économie sociale et solidaire.
Dans ce cadre, le 18 juin aura lieu la diffusion du film documentaire de Olivier L. Brunet "Retrouver le goût" (2007) sur L’Université populaire du goût d’Argentan, précédée ou suivie de l’intervention de Michel Onfray. Nous invitons ceux qui sont loin de Paris à (re)voir ce documentaire.
Retrouver le goût from Olivier L. Brunet on Vimeo.
"L’idée du film est venue naturellement, dans la continuité du "Plaisir d'exister". Fin 2006, Michel Onfray m’avait proposé de l’aider dans l’une de ses œuvres : l’Université Populaire du Goût qu’il venait de créer sur ses terres d’Argentan. Son concept était de faire venir des chefs étoilés à Argentan pour donner un cours de cuisine en public (dans la triste salle polyvalente de la ville, qui peut contenir jusqu’à 700 personnes sur deux niveaux), en leur demandant de travailler chaque fois sur un légume particulier. Et pas n’importe quel légume : un légume « oublié », tels ceux cultivés dans une parcelle spécialisée des Jardins dans la Ville, structure locale de réinsertion sociale gérée par un ami de Michel, l’ex-ouvrier et syndicaliste Jean-Luc Tabesse.
Il s’agit de leur apprendre à se re-socialiser et à tenter de se ré-insérer dans le monde du travail (et non pas à devenir jardinier) en cultivant la terre. Le produit de ce travail est vendu au public en saison, par les ouvriers eux-mêmes, et le bénéfice de cette vente est réinvesti dans l’équipement du jardin.
Pour Michel, faire venir les grands chefs permettait de faire d’une pierre trois coups : offrir aux argentanais un spectacle aussi divertissant qu’instructif, à l’image des conférences de l’Université Populaire de Caen ; les sensibiliser à la cause des Jardins dans la Ville, en focalisant l’attention sur cette initiative de réinsertion ; donner aux « gens de peu » qui travaillent aux Jardins une visibilité et une reconnaissance qu’on ne leur accorde pas spontanément. Michel disait surtout (comme dans le film) que l’idée lui était venue parce que la plupart des « ouvriers » qui quittaient les Jardins après leur(s) stage(s) se voyaient attribuer un panier de légumes, et qu’en général ils ne l’emportaient pas, faute de savoir comment les cuisiner. Et qu’il suffisait leur apprendre. Le concept a le mérite d’être simple, et de faciliter la communication autour de l’évènement."
Olivier L. Brunet
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"La brutalité du libéralisme n’existe que par l’acquiescement de ceux qui le subissent. En viendraient-ils à refuser leur collaboration que cette forteresse deviendraient un tas de pierres sèches. [...] Certes ce refus gagne à ne pas être solitaire : car la puissance et la domination libérales disposent des moyens de ramener à la raison le rebelle isolé, vite écrasé, pulvérisé et remplacé. [...] On doit se concerter, associer des forces, augmenter les chances de faire triompher son idée [...] La somme des énergies additionnées et conjuguées des nains de l’île de Lilliput réussit à terrasser le géant Gulliver. Une multiplication de liens fins, une prolifération en réseau des petites actions ajoutées, une toile d’araignée libertaire peut endommager un mécanisme élaboré de longue date. [...] La nature même des micro-fascismes oblige à des micro-résistances."
Michel Onfray, "La puissance d’exister", §Une pratique de résistance
Ewa