Michel Onfray parle de Friedrich Nietzsche. Nous n’avons pas plus d’informations sur cette interview (France Culture ? Un vie une oeuvre ? 2000 ?). Si vous en savez quelque chose, n’hésitez pas à partager vos infos avec nous (nom de l’intervieweuse, titre de l’émission, date de la diffusion…)
Comment peut-on être nietzschéen ?
« Mon allure et mon langage t’attirent,
Tu me suis, tu me suis pas à pas ?
Suis-toi toi-même fidèlement :
- Et tu me suivras, moi ! - Tout doux ! Tout doux ! »
[Friedrich Nietzsche (traduction d’Henri Albert), Le Gai savoir, Prélude 7, LGF 1993]
1. "Toute philosophie est la confession d’un corps"
2. Être nietzschéen c’est penser à partir de Nietzsche,
continuer sur le chantier abandonné par lui
(dépassement du platonisme, du christianisme, du nihilisme…)
3. Nietzsche n’est pas mort !
« Comment peut-on être nietzschéen ? Avant toute chose il convient de préciser que Nietzsche lui-même redoutait qu’on puisse se réclamer de sa pensée de façon trop servile. Il faut être nietzschéen comme Nietzsche aurait vraisemblablement aimé qu’on le fût : en insoumis.[…]
Rien ne serait plus étranger à Nietzsche qu’un nietzschéen gardien du temple, laudateur servile d’une doctrine. Rien de plus contraire à l’esthétique de l’esprit libre qu’un nietzschéen reprenant à son compte, béatement les idées majeures du philosophe. La leçon de Nietzsche émancipe. […]
Être nietzschéen, c’est avant tout : oser être soi-même, assumer le degré de puissance qui nous habite, dire oui aux forces qui sont en nous, se créer liberté, consentir à la force du destin, aimer la nécessité, rire et danser, vivre et jubiler. «
« Chacune de mes publications s’ouvre par une phrase de Nietzsche dont le livre propose un commentaire libre. On peut être nietzschéen de cette manière : en s’appuyant, comme avec un tremplin, sur telle ou telle idée pour effectuer une volte personnelle. Voilà comment je tâche d’être et de rester nietzschéen.
Je sais que Nietzsche n’est pas de gauche, ni hédoniste, libertaire, ou féministe. Moi qui tâche de m’inscrire dans ces filiations idéologiques, comment puis-je m’en sortir ? Justement en me servant de l’œuvre complète - textes publiés, manuscrits inédits, fragments colligés, correspondance et surtout biographie - comme d’un chantier pour un projet philosophique singulier et subjectif.
La gauche dont je me réclame - gauche libertaire - apprend de la critique du socialisme marxiste - celui de Nietzsche quand il écrit socialisme -, mais aussi de sa généalogie. Je ne méprise pas les adversaires si leurs critiques me permettent une meilleure connaissance de moi-même. Nietzsche est l’un des rares philosophes qui permet le compagnonnage et l’édification existentielle. »
Michel Onfray, La sagesse tragique. Du bon usage de Nietzsche, Le Livre de Poche 2010, pages 171-172 et 12-13
Marc - Ewa