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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 13:55

 

Dans l'édition du 01.05.2011 du Monde, Michel Onfray revient sur son prochain livre consacré à Albert Camus mais aussi sur le Sartrisme dominant dans les débats d'idées.

 

camus albert17jan10sartre500500.jpg

Cliquez sur la photo pour voir l'article sur Le Monde.fr

 

"Je travaille à mon prochain livre. Pour ce faire, j'ai lu l'oeuvre complète d'Albert Camus, les biographies qui lui sont consacrées et les correspondances. Fauché par la mort à l'âge de 47 ans, il a passé un temps considérable à répondre à la haine répandue par les journaux qui se déchaînaient contre ses livres, coupables de dire la vérité en un temps où l'on préférait le mensonge avec Sartre que la vérité avec lui.

 

Je suis atterré par la bassesse des attaques venues de toute part : chrétiens qui le trouvent athée, athées qui l'estiment trop chrétien, gens de gauche qui l'imaginent à droite, gens de droite qui le savent de gauche, ratés qui n'en peuvent plus de sa réussite, plumitifs minables qui carburent au ressentiment, habituels médiocres lanceurs de polémiques dont l'écho dû à la renommée de celui qu'ils attaquent leur laisse croire qu'ils sont quelque chose. Camus a accumulé contre lui, à la manière d'un fétiche vaudou, toute la médiocrité de l'époque, mais peut-être aussi toute la médiocrité de la nature humaine...

La version de Sartre et des sartriens fait encore la loi concernant l'oeuvre d'Albert Camus dont beaucoup parlent sans l'avoir lue - ou alors, au lycée par prescription scolaire, comme l'on parle d'une prescription de médicament. Si Camus avait écrit un livre entier en défense du socialisme libertaire qu'il incarne de façon impressionniste dans son oeuvre au lieu de répondre à ses contradicteurs lors de la parution de L'Homme révolté, nous disposerions aujourd'hui du grand livre politique positif qu'il n'a pas eu le temps d'écrire.

Qui se souvient d'Aimé Patri, de Marcel Moré, de Pierre Hervé, de Pierre Lebar, de Gaston Leval, aux basses attaques desquels Camus consacre un précieux temps à répondre point par point ? Attardons-nous sur un texte intitulé Le Temps des meurtriers (1949), dans lequel le philosophe s'interroge : sur l'avenir de l'Europe après les camps nazis et marxistes-léninistes, sur le nihilisme et la fin des valeurs, sur ces penseurs de Saint-Germain-des-Prés va-t-en-guerre jamais avares du sang des autres, mais incapables d'offrir le leur pour telle ou telle cause transformée en fonds de commerce, sur la déplorable passion des penseurs pour l'abstraction qui affichent un mépris total pour le réel le plus concret, sur la fascination des intellectuels opposés à la peine de mort mais qui la défendent tout de même pourvu qu'elle soit infligée au nom de la prétendue bonne cause du progrès marxiste - il en reste aujourd'hui une poignée tout au culte de "l'idée communiste"...

A plus d'un demi-siècle de distance, Camus pense un monde qui semble être encore le nôtre ! Il se révèle également juste dans ses analyses, quand il diagnostique que la polémique a remplacé le dialogue : "Le XXe siècle est, chez nous, le siècle de la polémique et de l'insulte." Qu'est-ce que la polémique ? "Elle consiste à considérer l'adversaire en ennemi, à le simplifier par conséquent et à refuser de le voir. Celui que j'insulte, je ne connais plus la couleur de son regard. Grâce à la polémique, nous ne vivons plus dans un monde d'hommes, mais dans un monde de silhouettes."

On ne cherche plus à persuader, on intimide ; on ne veut pas dialoguer, on terrorise ; on ne souhaite plus échanger, on lance l'anathème, on recouvre sous des flots de haine et d'insultes, de mépris et de calomnies. Dans cette perspective, Camus propose une "morale du dialogue" et en appelle à Socrate - auquel il associe Montaigne et Nietzsche.

Quel intellectuel ne souscrit pas aujourd'hui à cette scie prêtée à Voltaire : "Je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai toute ma vie pour que vous puissiez vous exprimer", avant d'envoyer un formidable coup de gourdin sur la tête de celui qui ne pense pas comme lui puis d'activer les réseaux d'amis qui, dans les médias, pulvérisent celui qui ne dit pas comme eux ? Les journalistes, si souvent coupables d'inceste intellectuel, prennent ces temps-ci la plume pour dénoncer une poignée de journalistes (Zemmour en navire amiral, Robert Ménard en destroyer, Elisabeth Lévy en corvette, plus quelques autres petits bâtiments de guerre...), tous coupables d'attentats à la pensée correcte. On ne résoudra pas le problème en transformant ses adversaires en ennemis, en les stigmatisant comme pétainistes, néofascistes, crypto-vichystes, sous-marins de Le Pen et autres noms d'oiseaux qui dispensent de débattre.

Que veut-on ? Une idéologie dominante, avec un credo à réciter sous peine de bûcher médiatique ? Mais qui décide alors du catéchisme ? Ceux qui affûtent la guillotine... Je crains qu'en France le sartrisme domine encore comme une imprégnation éthologique dès qu'il s'agit du débat d'idées !

En 1955, Simone de Beauvoir écrivait dans un article intitulé "La pensée de droite aujourd'hui", repris dans Privilèges : "La vérité est une, l'erreur multiple. Ce n'est pas un hasard si la droite professe le pluralisme"... Camus, le philosophe, qui, dans Actuelles II, opposait "la gauche policière" à la "gauche libre" avait alors répondu : "Si la vérité devait être de droite, alors je serais de droite."

Arrêtons donc la haine, le mépris, l'insulte, l'anathème, la guillotine, les autodafés, les bûchers qui, pour l'instant, ne sont que de papier. Si d'aventure le débat véritable prenait la place de la polémique, nul doute que reculerait un peu le spectre des échafauds concrets."

Michel Onfray

                                                                           

 

Jean-Michel Aphatie sur son blog affirme être en accord avec les propos de Michel Onfray, un extrait :

"Michel Onfray, par exemple, écrit ceci samedi :
Les journalistes, si souvent coupables d'inceste intellectuel, prennent ces temps-ci la plume pour dénoncer une poignée de journalistes (Zemmour en navire amiral, Robert Ménard en destroyer, Elisabeth Lévy en corvette, plus quelques autres petits bâtiments de guerre...), tous coupables d'attentats à la pensée correcte. On ne résoudra pas le problème en transformant ses adversaires en ennemis, en les stigmatisant comme pétainistes, néofascistes, crypto-vichystes, sous-marins de Le Pen et autres noms d'oiseaux qui dispensent de débattre.

Et vendredi, Elisabeth Lévy cela:
Cette querelle picrocholine révèle une curieuse conception du pluralisme. D'éminents journalistes semblent découvrir avec stupéfaction et/ou indignation que quelques trublions qui ont le front de ne pas penser comme eux ont le droit de s'exprimer. Au temps de parole, "l'omniprésence" de ces mauvais coucheurs est très relative et plutôt instable, la plupart connaissant la précarité ordinaire des soutiers de l'audiovisuel. Surtout, personne ne songerait à se plaindre que l'on entende Jean-Michel Aphatie chaque matin sur RTL et qu'on le voie chaque soir sur Canal+. Après tout, on a bien le droit de préférer le débat entre gens du même avis. Il est cependant paradoxal de célébrer la diversité en toute chose sauf dans le domaine des idées.

Prenons les éléments un à un. Je suis d'accord avec Michel Onfray et Elisabeh Lévy. On ne peut souhaiter le débat, et en célébrer les vertus à tout bout de champ, pour s'effaroucher de prises de parole éventuellement perçues comme iconoclastes ou dissonantes par rapport à une moyenne établie par je ne sais qui d'ailleurs.

Je suis par ailleurs très hostiles à la dénomination « nouveaux réacs ». Pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'elle disqualifie à priori ceux qui parlent. Ceci n'est pas une attitude démocratique. Ensuite, parce qu'elle est l'envers d'une forme de bonne conscience. Si certains sont « réacs », c'est que moi même je ne le suis pas. Et si je ne suis pas « réac », c'est donc que je suis progressiste, ce qui est bien, formidable, valorisant, et tout, et tout..."

                                                                                                Constance - Marc


Consultez également notre article du 01.01.2012, Le vrai Camus, le livre événement de Michel Onfray, de l'hebdomadaire Marianne 

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 01:10

 

Michel Onfray - l’invité de Laurent Ruquier dans l’émission On n’est pas couché sur France 2, le 30 avril 2011 - présente son dernier livre

Manifeste hédoniste (Éditions Autrement)

 

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Nous avons enregistré pour vous toutes les interventions de Michel Onfray dans cette émission - 8 vidéos, soit au total 58 minutes de visionnage. 

Si vous êtes intéressés uniquement par le passage, où Onfray se trouve dans le fauteuil d’invité et parle de son dernier livre Manifeste hédoniste -  regardez directement la dernière, 8e vidéo de 24 minutes.

Si vous vous êtes retrouvés sur ce blog par hasard et si vous ne supportez ni Onfray ni les auteurs de ce site - il vous reste la 7e vidéo de 6 minutes : le sketch de Jonathan Lambert. Nous vous prévenons que cela demande quand même un minimum de sens de l’humour et de manque de sympathie pour l’extrême droite.

Nous plaignons sincèrement tous ceux qui ne peuvent regarder aucune de ces vidéos. Que les dieux d’hédonistes vous gardent!


      1/ La présentation de Michel Onfray et de son Manifeste hédoniste par Laurent Ruquier.

 

2/ Onfray/Anémone - La corrida inscrite au patrimoine français par Frédéric Mitterrand.
    Onfray : Pitoyable! Ça me sidère que l’on peut jouir du spectacle de la mort qu’on inflige!

3/ Onfray/Zemmour - La pub contre les violences « éducatives « : des claques et des fessées.

4/ Manifeste hédoniste - Politique. Comment maîtriser le capitalisme?
Le capitalisme libertaire. Le principe de Gulliver.

5/ Onfray/Besson/Anémone - Le nucléaire.
    Le contrôle démocratique et populaire du nucléaire ne passe pas par l’assemblé nationale mais par les vrais débats avec des spécialistes et des associations antinucléaires.

6/ Onfray/Besson - Le débat sur l’identité nationale réchauffé et remis sur le plateau.
    Préparer une omelette de Besson ou rendre la république désirable et appétissante pour tous
ou presque? 

7/ Sketch de Jonathan Lambert.
    La contre-histoire de Jeanne d’Arc racontée par sa dernière descendante, Mireille d’Arc.
    Elle déboulonne une idole si chère au Front National, la veille du premier mai oblige.

 8/ Michel Onfray sur le fauteuil d’invité face à Zemmour et Naulleau - Manifeste hédoniste.
Les prochains manifestes dans les Éditions Autrement consacrés à la défense des animaux et … des femmes.
Les portraits d’Onfray par G. Bedos et J-P. Enthoven sont-ils vraiment si inattendus et antinomiques? 
Un livre sur Camus en préparation ; Up du goût et les expos à la médiathèque d’Argentan.
L’importance de la biographie dans l’histoire de la philosophie : il faut articuler l’œuvre et la vie.
L’affaire Serrano : ni l’œuvre ni sa dégradation ne sont intéressantes.  
Le côté graphique de Manifeste - une belle maquette ou une mise en page doctrinale et simpliste?
La psychanalyse expéditive (?) de Paul de Tarse et son "écharde dans la chaire".
L’indispensable présence des athées dans les comités bioéthiques.
Érotique - le plaisir sans transgression, la jouissance sans souffrance? - les iconoclastes austères, les iconophiles sensuels? - un libertin : affranchi féministe amoureux de la liberté ou coucheur collectionneur phallocrate?

 «  La philosophie hédoniste est une proposition psychologique, psychagogique, éthique, érotique, esthétique, bioéthique, politique… Elle (se) propose de la même façon qu’Épicure et les épicuriens, mais également et surtout de Lucrèce, un "discours sur la nature des choses" afin que tout un chacun puisse trouver sa place dans une nature, un monde, un cosmos dans la perspective d’une vie réussie - la vie réussie se définissant comme celle qu’on aimerait revivre s’il nous était possible d’en vivre une à nouveau. Sachant cela, voulons ici et maintenant ce que nous voudrions voir se répéter dans l’hypothèse d’un éternel retour. »

Michel Onfray, Manifeste hédoniste, Autrement 2011, p.21


Ewa - Marc    

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 12:00

 

 

Clergue couverture Clergue in AmericaLucien Clergue a abordé tout au long de sa carrière plusieurs thèmes, entre autres, les nus féminins, le paysage, le portrait qui tous, je n'en connais la raison, m'ont touchée invariablement avec plus ou moins de force. L'occasion s'est présentée d'approfondir mon amour pour cet artiste et, je l'espère, le partager avec vous.

Anne Clergue, sa fille, à partir des innombrables clichés pris par le photographe au cours de ses nombreux séjours en Amérique, a sélectionné 150 oeuvres, pour la plupart inédites, présentées lors d'une exposition en Arles durant ce mois d'Avril.  

 Je déambule dans les rues de la ville, je m'y perds, la chaleur est étouffante, c'est la féria. La place de la Mairie est comble, de la musique s'échappe. Je monte les escaliers qui mènent à l'exposition, je parcours les pièces entourée de curieux, passionnés, les fenêtres sont ouvertes, je regarde à travers les rideaux, une petite fille danse sur scène. Je me dis que c'est le moment idéal pour découvrir cette exposition dédiée à la vie.

 

                                           

 CLERGUE IN AMERICA 

eve est noire death valley ca image full

  Eve est noire, Vallée de la mort 

  

 

     Série des nus  autoportrait televise new york image full

                                        Nudes of the beach                                                   Autoportrait télévisé, New York

 

                                                                   

 

Lucien Clergue parle de l'Amérique dans l'émission Carrefour des Arts. La présentation du site Canal Académie, où vous pouvez entendre une interview du photographe : "Lucien Clergue entretient avec l’Amérique des liens profonds. Pourquoi et comment le Musée d’art moderne de New-York, le MoMA décide-t-il, en 1961, de faire confiance à ce jeune photographe de 27 ans en lui proposant de présenter sa première rétrospective ?

A son arrivée à New-York, il se précipite pour admirer sur place Guernica de Picasso. picasso et bardotLucien Clergue voit que la toile -dont il nous dit dans cette interview, combien elle est proche d’une photo noire et blanc- voisine avec des photographies. Une cohabitation inconnue en France à la même époque. Une idée qu’il retiendra. Pendant plus de quarante ans, le MoMa a accueilli la toile que Picasso refusait de voir exposer en Espagne au temps du franquisme. Le peintre avait émis le souhait qu’elle y demeure, jusqu’à ce que la démocratie advienne en Espagne. On peut aujourd’hui l’admirer au musée de la Reine Sofia à Madrid. 

Lucien Clergue est invité au MoMa par Edward Steichen, photographe, galeriste et conservateur au MoMA de 1947 à 1962 qui lui a acheté 9 photos avant l’exposition : 8 nus et 1 oiseau mort, une reconnaissance avant l’heure par l’auteur de The family of man (1953), dont la renommée et l’autorité dans le monde de la photo est alors internationale.

L’aventure de Clergue en terre américaine ne fait que commencer…Il refuse de travailler pour Vogue. Le Nouveau Monde s’offre à lui.

Fidèle à sa ville natale, où il vit toujours et où il y fonda "Les Rencontres de la Photographie d’Arles", Lucien Clergue se rend régulièrement aux Etats-Unis, depuis ce premier séjour en 1961.
lucienClergue3De ses voyages In America, il a réalisé des milliers de clichés, façonné son destin d’artiste et apporté son regard de méditerranéen en terre américaine. Il évoque la magie des lumières de New-York et de celles de Provence, leurs similitudes inattendues et leurs forces créatrices pour son oeil de photographe.

Lucien Clergue a exposé dès 1958, à Paris. Mais son exposition de 1961 au Museum of Modern Art de New York, MoMa, marque un véritable tournant dans son parcours d’artiste. L’année suivante, il expose au Musée des Arts Décoratifs, au Pavillon de Marsan du Musée du Louvre. Lucien Clergue est lancé, suivront des expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Japon.

Il explique que la photographie Nu aux ombres (1986) prise au Nouveau Mexique, dans le désert de White desert de white sands nouveau mexique image fullSands qui servit aux essais nucléaires américains, est une sorte d’hommage à cette célèbre photographie d’un de très rares murs encore debout au lendemain de l’explosion d’Hiroshima, et qui avait gardé l’empreinte d’une échelle posée là, comme photographiée par le flash atomique. nu à minnéapolis 1986« C’est pour faire quelque chose dans le même esprit », nous dit-il, qu’il demanda à son modèle de mettre les bras en croix derrière elle, ne gardant que leur ombre dans le cadrage.

 

 

 

Dans la réserve naturelle de Point Lobos en Californie où il s'est rendu de façon "occasionnelle", dit-il, plusieurs fois, à 2 ou 3 ans d’intervalle- il a réalisé des photos où parlent les rochers et le sable, et l’imagination quand il photographie un nu aux étoiles. " nu-aux-etoiles-pt-lobos-1981-lucien-clergue-

 

 Constance  
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  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc
  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc

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