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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 16:53

 

albert camus signature

Michel Onfray se retrouve encore une fois «sur le feu de la presse«. Ses propos ont été recueillis par Yannick Delneste et publiés sur le site Sud Ouest le 18 janvier 2012.

« Camus : un homme, un penseur, un philosophe impeccable » 

Michel Onfray parle évidemment d’Albert Camus « subtilement profond », mais aussi de l’anarchisme non violent, de Sartre et Beauvoir - les Thénardiers de la philosophie, de Freud, de la raison et de la passion, de la multiplication des liens lilliputiens tissés par des universités populaires…

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Sud Ouest : Quand et comment avez-vous « rencontré » Camus ?

Michel Onfray : Je dirai probablement comme tout le monde : à l’adolescence… Et c’est le moins bon moment pour comprendre vraiment ce que Camus a à nous dire ! A cette époque on reste à la surface des choses : "L’étranger", c’est l’histoire d’un crime sur une plage, "La Peste", l’histoire d’une épidémie dans une ville d’Afrique du Nord, "Le mythe de Sisyphe", un presque éloge du suicide, "L’homme révolté", une invitation à dire non… Autrement dit, une somme de malentendus. Car Camus est faussement simple et subtilement profond. Il plait pour de mauvaises raisons. Il fait partie des romanciers à lire l’année du bac philo et on ne lit pas son œuvre philosophique en Terminale…

 

Sud Ouest : Votre regard sur lui a-t-il évolué au fil des années ?

Michel Onfray : Oui, bien sûr. D’abord il y a l’âge : j’ai lu Camus à quatorze-quinze ans… Que peut-on comprendre de "L’Homme révolté" à cette époque de la vie ? Les enjeux de ce grand livre ne sont vraiment compréhensibles que si l’on maîtrise les auteurs qu’il critique - Rimbaud, Sade, Breton, les surréalistes, Lautréamont, Hegel, Marx, Bakounine, etc. Ensuite, je lisais à l’époque Sartre et Beauvoir. Je prenais pour argent comptant ce qu’ils écrivaient : c’est publié chez un éditeur qui passe pour être sérieux alors que dans tous ses livres de Mémoire, Beauvoir forge une légende qui met Sartre en majesté et qui, pour ce faire, multiplie les mensonges sur leurs perpétuelles errances. Or Camus a été sartrisé… Lu avec les lunettes de Sartre… Il faut du temps, du travail, de l’esprit critique pour démonter les légendes, en philosophie comme ailleurs. Sartre a été pitoyable et Camus impeccable. Mais on ne le sait qu’à force de lectures croisées…

 

Sud Ouest : Votre enthousiasme est total sur Camus. N’y avait-il rien à nuancer chez l’écrivain et philosophe ?

Michel Onfray : En effet, il fut un homme, un penseur, un philosophe impeccable. Et quand on l’est, on l’est en tout. De la même manière que quand on est personnage détestable, on l’est en tout. Quand j’ai travaillé sur Freud, dès que je tirais un fil, c’était pour découvrir un mensonge, une affabulation, une mystification, une légende. Avec Camus, c’est l’inverse : dès qu’on tire un fil, on découvre un beau geste, une grandeur tenue secrète, un bel engagement caché…

 

Sud Ouest : Pouvez-vous expliquer la notion d’ordre libertaire ?

Michel Onfray : Traditionnellement, on associe l’anarchiste au désordre. Il est le poseur de bombes, le terroriste, le justificateur du terrorisme, le fils de Ravachol ou le copain de la Bande à Bonnot… Or il existe une tradition libertaire française bien oubliée qui est pacifique, non violente, concrète, pragmatique et se propose la révolution par la persuasion, pas par l’attentat. Camus s’inscrit dans cette tradition dans laquelle se trouvent Jean Grave, Sébastien Faure, Han Ryner ou, plus connu, Proudhon.

 

Sud Ouest : De quelle injustice intellectuelle la plus grande a -t-il été victime ?

Michel Onfray : La haine de Sartre et des sartriens - Henri Jeanson, Simone de Beauvoir et une tas d’autres petites frappes du genre Jean - Jacques Brochier auteur de la formule assassine « Camus, philosophe pour classes terminales »… On a fait de Camus un penseur de droite, soutenant le colonialisme, un homme incapable de lire et de comprendre les textes philosophiques, et cent autres choses toutes aussi fausses les unes que les autres. Camus a été un anticolonialiste de la première heure, un défenseur de l’Algérie méditerranéenne donnant des leçons de sagesse à la France et à l’Europe, un ami de la cause arabe et musulmane, une figure emblématique du socialisme libertaire, un grand philosophe dans la tradition française de la ligne claire.

 

Sud Ouest : Quelles principales qualités possédait le Camus philosophe ?

Michel Onfray : La droiture, le sens de la justice, l’incorruptibilité, la passion pour la justice et la vérité…

 

Sud Ouest : Quel regard porterait-il sur le monde d’aujourd’hui ?

Michel Onfray : Dangereux de jouer ce jeu là… On peut imaginer qu’il aurait fait du libéralisme, autrement dit du marché qui fait la loi partout, son adversaire principal…

 

Sud Ouest : Vous ne ménagez pas, en opposition « historique » à Camus, le couple Sartre-Beauvoir : ce dernier a-t-il fait de mal au monde de la pensée du XX e ?

Michel Onfray : Je me contente de faits : avant guerre, les deux vont en vacances en Italie avec des billets offerts par le régime fasciste, pendant la guerre, ils collaborent avec l’ennemi, lui, en écrivant dans une revue collaborationniste, Comoedia, elle, en travaillant à la Radio-Vichy, après guerre ils empruntent le communisme qui est un formidable ascenseur social et justifient toutes les dictatures, pourvu qu’elles soient de gauche (URSS, pays de l’Est, Chine, Cuba, etc.), tout en traitant de Gaule de »fasciste », etc… Ils disposaient d’un formidable pouvoir avec une revue, un éditeur, une meute qui chassait sur ordre de Sartre et Beauvoir… Leurs propos étaient paroles d’Evangile dans le milieu intellectuel, île faisaient la loi comme on la fait en France depuis le triomphe du jacobinisme de la révolution française : qui tient Paris tient la France… Ces Thénardiers de la philosophie tenaient Paris - avec Saint-Germain-des-Près en QG…

 

Sud Ouest : Après vous être attaqué radicalement à Freud, vous déclarez votre flamme aussi radicale à Camus : Michel Onfray n’est-il que passion ? Et cette dernière est-elle toujours bonne conseillère ?

Michel Onfray : Ceux qui se prétendent tout de raison sont aussi passion… Croyez vous que les psychanalystes et les journalistes qui, lors de la parution de mon livre sur Freud, m’ont traité de nazi, de fasciste, de pédophile refoulé, de philosophe d’extrême droite étaient du côté de la raison ? Je n’ai rien à me reprocher de ce côté-là : je mets ma raison au service de la passion et non la passion au service de la passion…

 

Sud Ouest : Vous revenez à l’université populaire des Hauts de Garonne, au sein d’une médiathèque que vous avez inaugurée il y a un an et demi. Quelle est la situation de ce réseau des UP aujourd’hui ?

Michel Onfray : Excellent ! Les UP proposent désormais une alternative gratuite et bénévole dans un monde où l’argent et le marché font la loi… Reste à multiplier ces liens, les ateliers de cette microrésistance libertaire. Le géant Gulliver na-t-il pas été entravé par les Lilliputiens grâce à leur détermination et à la multiplication des liens ?

Marc - Ewa    

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 12:28

 

Michel Onfray était l'invité du journal télévisé JTNNormand le 16.01.2012.

Plusieurs sujets, l'Université populaire de Caen, le vote Front national, l'hommage à Camus (biographie intellectuelle, histoire non sartrienne de Camus, le socialisme libertaire, fidélité à un père, opposition à toutes les peines de mort). 

 

 

 

 

"C'est beaucoup Camus, c'est plus Camus que moi. Dans l'inconscient collectif français,  il y a une espèce de passion pour cet homme qui était humble, simple, impeccable, droit, qui incarne vraiment ce qu'on aime le mieux dans la France, la justice, la vérité, les valeurs, la vertu, enfin ce genre de choses. Le contraire de Sartre."

Constance - Marc  

                                                                           

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 11:33

 

Jean-Pierre Elkabbach a consacré son émission Bibliothèque Médicis, diffusée sur la chaîne Public Sénat le 15 janvier 2012, à Albert Camus. Dans de splendides décors de l’annexe historique de la Bibliothèque du Palais du Luxembourg, vous pouvez suivre une heure de débats dont la rediffusion a été inspirée par l’événement littéraire de janvier, livre de Michel Onfray :

L’ordre libertaire, la vie philosophique d’Albert Camus. 

Trois invités nous livrent « leur Camus » : Catherine Camus, sa fille (les 19 premières minutes de l'émission), ainsi que Jean Daniel et Robert Gallimard, ses amis. 

 

 

"Michel Onfray rend justice au philosophe lucide, qu’était Camus, qui fut méconnu, à la fois adulé, et méprisé par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et leurs amis…

Albert Camus, libertaire, antitotalitaire, anticolonialiste, fidèle aux pauvres, aux sans paroles, et d’abord à sa mère, analphabète. Camus aimait le soleil de la Méditerranée, les femmes et la vie…

De loin, Camus s’adresse à nous pour aujourd’hui : plus de 50 ans après sa mort accidentelle, sur la route, il reste ce modèle vivant et libre. Comme le dit Michel Onfray : il est notre contemporain !…"

____________

 

« … ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l’immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C’est à conquérir cela qu’il me faut appliquer ma force et mes ressources. Tout ici me laisse intact, je n’abandonne rien de moi-même, je ne revêts aucun masque : il me suffit d’apprendre patiemment la difficile science de vivre qui vaut bien tous leurs savoir-vivre. 

[…] … pourquoi nierais-je la joie de vivre, si je sais ne pas tout renfermer dans la joie de vivre ? Il n’y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd’hui l’imbécile est roi, et j’appelle imbécile celui qui a peur de jouir. «

 

 Albert Camus, Œuvres complètes, Noces, Gallimard 1983, page 168 - 169

      Ewa    

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  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc
  • Le blog de 4 amis réunis autour de la philosophie de Michel Onfray qui discutaient de la philosophie, littérature, art, politique, sexe, gastronomie et de la vie. Le blog a élargi son profil depuis avril 2012, et il est administré par Ewa et Marc

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